De fanion à fanion...
ou l'art de se faire des amis
Faut pas m'en vouloir si je n'adhère pas aux belles idées, je ne vois en elles que de beaux romans, que de belles histoires...
Ne m'en veux pas si je ne crois pas aux mythes, ils ne sont pour moi que des contes puérils, et ne peuvent m'asservir...
Ne me tient pas rigueur de ne pas éprouver la foi, ou plutôt les fois puisque chacun a la sienne, je ne suis pas un homme de foi, mais de doute absolu (et c'est plus planant que la foi)...
Pardonne-moi de ne pas partager de valeurs morales, ces breloques qui font se croire digne, et gonfler le jabot...
Veuille m'excuser de ne ressentir le besoin d'aucune loi, la seule que je m'autoriserais serait : "ni droit ni pouvoir pour et sur personne", mais elle n'est pas pour demain...
Ne m'en veux pas de traiter toute pensée, toute idée, toute théorie, avec circonspection, à la manière d'un chasseur qui renifle les fèces laissées par un animal, car elles sont de même nature, un sous-produit de la digestion pour les unes, un sous-produit de l'activité cérébrale pour les autres, un autre de leurs points communs étant d'exhaler des effluves plus ou moins agréables... mais les goûts et les couleurs...
Ne me condamne pas de ne respecter aucune croyance, ce ne sont que des béquilles qui nous aident à nous tenir debout et à vivre dans un monde virtuel à notre image, des béquilles qui nous portent certes mais qu'on traine aussi comme des boulets...
Ne me jette pas la pierre si je dénigre toute conviction, ces voiles que nous tendons devant nous pour ne pas voir la réalité, ce qui est vain puisque de toutes façons il nous est difficile d'appréhender la réalité ...
Ne m'envoie pas en stage de rééducation parce que j'ai dit non à la transcendance, que je suis libre de la dépendance au flux sensé ruisseler depuis les sphères célestes jusqu'à mon humble esprit, quand ce n'est que notre propre énergie qui nourrit ces hauts lieux imaginaires...
Ne me dénonce pas au commissaire politique local si je refuse de faire allégeance au bienfaiteur de l'humanité du moment parce que je vois la misère dans son jeu...
Pitié, ne me colle pas au poteau parce que je ne veux pas échanger mon baril de lessive pourrie mais bien à moi, contre deux barils d'une marque qui m'est inconnue et qui me parait de qualité suspecte...
La meilleure définition de l'être vivant que j'ai en ce moment est celle ci : un pâté de sable humide, un château de sable, sur la plage, certains sont quasi immobiles leur vie durant comme les végétaux, d'autres sont animés, c'est à dire qu'ils se déplacent, mais en fait c'est toujours un pâté de sable, constitué exactement des mêmes éléments que la plage, d'autres encore en plus arborent un petit drapeau, une bannière à leur couleur personnelle, un petit drapeau qui personnifie l'histoire que ce raconte à lui même et à son environnement, le cerveau (situé dans la partie supérieure, quand même) du pâté de sable.
Même que des fois il s'agit d'un calicot publicitaire vantant un livre, "achetez mon livre" mais le plus souvent "lisez ce livre, il contient la vérité révélée", quand le pâté de sable s'est trouvé une vocation de pâté-sandwich, à moins que ce ne soit un destin de sandwich au pâté, si le pâté de sable se fait bouffer son destin par l’entité à laquelle s'est vendu son fanion.
Alors je t'en prie, un peu d'humilité, nous ne sommes pas grand chose, mais c'est tout ce que nous avons. Nos pensées sont un sous produit, du caca, des feuilles mortes si tu préfères, elles s'envolent dans les airs, oui et c'est beau, mais elles sont vouées à la décomposition, au compostage, elles n'ont rien de sacré, elles n'ont pas à être vénérées, elles méritent au mieux quelques applaudissements, mais le plus souvent un éclat de rire moqueur suffit, avant l'oubli,...et le recyclage futur.
Les êtres réclament notre bienveillance, les pensées y ont droit autant qu'à une feuille de journal.
Ce qui ne veut pas dire que les pensées n'aient aucune force, ou importance,
bien au contraire, notre monde humain mené par l'irrationnel est entièrement contrôlé par les idées, et certaines ont force de loi, c'est dire le malheur qui nous accable.
Je ne se mesure pas la grandeur d'une personne à ses idées,
quoique qu'elles puissent être envoutantes,
je ne la mesure pas à ses imperfections,
quoique qu'ils puissent être attendrissantes,
je ne la mesure pas non plus à ses stratégies de préservation de son individualité,
quoique qu'elles puissent être étonnantes,
je ne mesure pas la grandeur d'une personne ,
parce que chaque être est grand à sa propre mesure.
Entre pâtés de sable prenons soin de nous,
et rions de nos petits fanions que nous agitons comme des fous.