"La Terre appartient à l'Homme"
ou "l'Homme appartient à la Terre"
Le capitalisme n'est qu'un des symptômes de la maladie qu'a développée la majorité de l'humanité depuis qu'elle s'est adonnée à l'agriculture, à l'assujettissement, à la domination et à l'exploitation de la Nature, de la Terre.
Alors qu'il est indéniable que l'espèce homo sapiens fait partie de la biosphère, que l'Humanité n'est qu'un élément de la vie sur Terre, que l'Homme appartient à la Terre, la mise en pratique de l'agriculture et de ses corollaires, ont entraîné le développement du paradigme suivant : "la Terre appartient à l'Homme".
La Terre appartient à l'Homme et il est en droit d'en disposer comme il entend. Ce paradigme est complètement ancré dans nos gènes de civilisés, alors qu'il était encore absent chez des peuples chasseurs-cueilleurs isolés, chez qui leur tribu n'est qu'un élément de la nature et le maître de la forêt n'est pas l'homme, mais par exemple le jaguar.
Pour nous civilisés, mêmes si nous étions en accord avec l'affirmation que "l'Homme appartient à la Terre et la Terre n'appartient pas à l'Homme", je doute que nous puissions réellement raisonner à partir de cet axiome. Quelque part en nous nos ancêtres ont inscrit ce virus : "la Terre appartient à l'Homme". Quiconque plante une graine dans un jardin s'en rend compte. Hors ce virus est une maladie, une hérésie, une perversion, car quelque soit le mode d'exploitation qui sera appliqué à la Terre, la finalité sera son épuisement, et par là même la fin de l'Homme qui y vivait dessus.
Donc désigner le capitalisme en tant que responsable du mauvais état de la biosphère, est comme désigner la fièvre en tant que responsable de l'état du malade, alors que celui-ci a la grippe, et que la biosphère est devenue propriété privée de l'Homme. Tout comme la fièvre, le capitalisme n'est qu'un symptôme, et faire tomber la fièvre ou arrêter le capitalisme, ne guérira pas le malade ni arrêtera l'exploitation de la biosphère. Avec ou sans capitalisme, l'assujettissement de la Terre perdurera jusqu'à la disparition du propriétaire.
Le paradigme "la Terre appartient à l'Homme" est un engramme bien trop profondément enkysté dans nos cerveaux pour disparaître comme par magie, et pour ne laisser la place qu'à celui plus proche du réel "l'Homme appartient à la Terre".
Après si on veut vraiment trouver un propriétaire de la Terre, on le trouvera probablement du coté des micro-organismes, des bactéries, bref du coté des êtres qui ont survécus depuis des centaines de millions d'années, mais sûrement pas du coté des grands primates.
C'est peut être pour cette raison que la Bible ne fait remonter la création du monde qu'à seulement quelques milliers d'années, là où l'Homme était déjà présent, de façon à nier l'antériorité des êtres "inférieurs", qui seront également la postérité de la vie sur la Terre.