Aleatoire-Immanent

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Esprit y es-tu?

 

 

Pourquoi nous ne sommes ni un esprit incarné, ni réincarné, ni une entité réellement distincte et isolée.

Déjà parce que le concept d'esprit est une invention humaine, ce qui ne veut pas dire que l'esprit n'existe pas, ce pourrait être, avec beaucoup de chance, une de nos découvertes, comme on découvre un continent ou une planète, même s'il y a bien plus de probabilités pour ce ne soit qu'une création de notre imagination, une oeuvre de notre cerveau, une fiction.

Ensuite parce que 1 n'existe pas, il n'y a pas de 1, il y a l'ensemble et les parties de cet ensemble. Le fait de dire "je", le fait de dire que tout ce qui est issu du développement d'une graine est un individu, le fait de dire d'un grain de sable ramasser sur la plage et tenu entre ses doigts qu'il est 1, est une facilité de langage et une commodité mathématique. 

En effet, imaginons ce grain de sable entre nos doigts déclarant : "je suis 1, je suis "je", je suis un individu", et remettons le alors avec commisération sur la plage de sable .... 


Ce grain de sable est le x milliardième de la somme des grains sur cette plage, quand bien même arriverait-on à diviser l'ensemble de ces grains de sable par leur nombre pour trouver effectivement 1, il serait encore possible de diviser cet unique grain de sable en une infinité d'autres 1. 
Tout est composé d'une multitude de 1, même le 1, donc 1 n'est qu'une facilité de langage, une commodité mathématique. Une unité de matière, comme il y a une unité de temps quand on définit que telle période commence ici et s'arrête là, ou une unité de mesure qui va d'ici à là bas, tout en sachant que le temps est aussi avant la période et qu'il continue après, que donc l'unité n'est qu'une convention, et qu'elle pourrait elle même être divisée en une multitude d'autres unités. 

Comment un esprit unique et particulier pourrait-il s'incarner dans une entité unique et particulière, quand aucune structure, et d'autant plus qu'elle est complexe, n'est fermée ? Si monde de l'esprit il y avait, ce ne pourrait être qu'un monde de purée d'esprits, un magma, un océan, où toute particule d'esprit est mélangée, est broyée et recyclée. Aucun esprit individuel ne pourrait y survivre. Tout comme notre propre corps n'y survivrait pas s'il n'était pas continuellement composé, décomposé, recomposé, des éléments de son environnement, dont il ne peut être séparé. 

A mon avis il est raisonnable de dire que l'arbre est de la terre qui s'est élevée, de même par extension on peut dire qu'un animal est de la terre qui s'est mise à se déplacer. Mais peut on dire qu'un arbre, s'il est de la terre qui se lève, est un individu séparé de la terre ? Non parce que toute sa vie d'arbre il est en étroite relation avec la terre et qu'au final il n'y aura plus de distinction entre l'arbre et la terre. Dans le moment où il est l'expression de la vie il semble être un individu qui s'est détaché de la terre, mais s'il s'en est différencié momentanément, il n'en est qu'une des multiples manifestations, tout comme une fleur fait partie de la plante qui la porte. Il en est de même pour l'animal.

 

 

La notion d'individu est une convention qui tâche d'établir une frontière entre un phénomène particulier propre au renouvellement continu de la nature, et son environnement immédiat. Cette frontière d'ailleurs est arbitraire, floue, et varie en fonction des circonstances. En effet et par exemple, à quelle distance de ma peau commence mon corps ? C'est selon le lieu, et ce qui m'entoure. A quelle distance de mon centre se situe la frontière de mon individu ?

Dans quelques années les processeurs des ordinateurs auront conscience d'eux-mêmes, (comme dans "2001 l'odyssée de l'espace", ou dans "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" ), il s'en trouvera alors un avec assez d'imagination pour penser que la conscience qu'il a de lui-même lui a été donné par un être supérieur, (autre que son créateur humain s'entend), ou bien qu'il est la réincarnation d'un esprit qui trainait dans les limbes, cette idée se répandra car elle est plaisante, rassurante, parce qu'elle comble un vide de sens et met l'univers en ordre, et surtout parce qu'elle nie la mort, la mise au rebut, la fin et le recyclage. 



 Mon cerveau m'enseigne mon unicité, mon individualité, ma seule vie, mon seul corps, seulement parce que c'est ainsi que vivent les membres de l'espèce à laquelle j'appartiens, et il se trouve que c'est une espèce très imaginative. Imaginative au point de s'être racontée une foultitude de sagas, d'histoires, de légendes, au coin du feu, devant un auditoire ou à soi-même, sur une feuille blanche ou sur un clavier. On peut se demander qu'elle est la fiction que nous n'aurions pas déjà inventée.

 

Si être un individu est un fait, c'est avant tout une illusion. Illusion d'abord imposée par notre entourage dès les premiers jours après notre naissance qui commence par l'attribution de notre nom, mille fois répété avec amour autour de notre berceau : "bonjour petit Alea" "qu'il est mignon ce petit Alea Toar i Manent" 


JE n'est rien, mais est tout ce que J'ai.



01/01/2015