[2] Cerveau (Jill Bolte Taylor)
Cette vidéo illustre le fait que notre monde dans lequel
nous vivons tous les jours est une construction de notre cerveau,
une interprétation de la réalité, qui elle reste difficile à appréhender,
d'où son étude passionnante.
Origine de la servitude
Qu’a t-on appris sur les millénaires du néolithique et la principale révolution de l’histoire humaine, avec l’agriculture?
Jean-Paul Demoule: A peu près tout. A mes débuts, des collègues défendaient encore l’idée que le néolithique – et surtout l’agriculture – avaient été inventés sur place malgré les fouilles menées au Proche Orient. Le plan de la maison néolithique était mystérieux. Nous n’avions aucun village sur toute la moitié nord de la France… Nous savons désormais qu’il s’agissait d’un double mouvement de colonisation, en provenance du Proche-Orient. Il a pris les chemins du nord – via les Balkans et le Danube – et du sud – via les côtes de Méditerranée. La branche sud est arrivée il y a 7600 ans en France, et l’autre branche franchit le Rhin il y a 7000 ans environ. Les chasseurs cueilleurs sont submergés, leur nombre est estimé à quelques dizaines de milliers, contre environ deux millions d’agriculteurs lorsqu’ils parviennent à occuper l’Europe. (Ci-dessus, reconstitution d'une maison néolithique, Serge le Maho)
Leur mode de vie, les premières implantations, l’organisation des villages, les traces matérielles des croyances… Nous comprenons mieux cette histoire d’une extension permanente. Dès qu’un village voyait sa population passer les 200 personnes, une partie s’en séparait pour aller fonder une nouvelle implantation, au détriment de la forêt.
Pourquoi cette fuite permanente?
Jean-Paul Demoule: Très probablement pour conserver un modèle social, assez homogène avec peu de différences de richesses et de statuts entre groupes et individus et qui aurait été menacé par une population trop dense. D’où un étonnant conservatisme social et technique, avec les mêmes plans de maison, les mêmes types de décors de Kiev à Brest, alors qu’il n’y avait pas la moindre unité politique. Ce village néolithique regroupait des maisons rectangulaires en bois et terre, qui peuvent aller jusqu’à 40 mètres de long. Une économie basée sur le blé, l’orge, les lentilles, le porc, la chèvre, le mouton, le bœuf et le chien.
Cette période voit l’invention des inégalités sociales, l’archéologie révèle t-elle pourquoi et comment la multitude s’est-elle retrouvée dominée et exploitée ?
Jean-Paul Demoule: On observe à plusieurs reprises, dès les débuts du néolithique au Proche Orient, que lors des premières évolutions démographiques très fortes, avec l’apparition d’agglomérations, ces premiers points de fixations s’effondrent puis les gens se dispersent dans toutes les directions. Sauf dans les régions – Mésopotamie, Égypte – où une sorte «d’effet nasse», car les populations sont cernées de déserts ou d’eau, provoque l’apparition des premières villes, des premières stratifications sociales et des États. En Europe, cela va être beaucoup plus lent et progressif… car l’effet nasse ne se fait sentir que lorsque les agriculteurs viennent buter sur les «finisterres» et l’océan Atlantique. (A gauche, menhirs du Vème millénaire, abattus au 3ème millénaires, Champagne sur Oise Denis Gliksman)
Auparavant, si vous n’étiez pas content de l’émergence d’une caste qui voulait vous dominer ou vous exploiter, il vous suffisait de partir coloniser des espaces nouveaux et vierges. On peut lire l’expansion néolithique en Europe comme la volonté des hommes d’échapper au piège social d’une densité démographique trop forte pour s’accommoder d’une grande égalité.
Ce n’est donc pas un hasard si les premiers sites où apparaissent des différenciations sociales fortes – avec les dolmens qui sont des tombeaux monumentaux – surgissent le long de l’Atlantique… et le long de la mer Noire, là où la densité de population est la plus forte. Ni que l’on observe des effondrements de la civilisation mégalithique au bout de quelques siècles, comme si les hommes ne supportaient plus cette stratification.
Vous auriez donc trouvé les traces de l’orgine de la servitude volontaire ?
Jean-Paul Demoule: L’archéologie donne là du grain à moudre à l’anthropologie, à l’histoire sociale et des idées. Pas seulement par les informations sur la vie quotidienne, l’économie, mais aussi les traces des représentations et des idéologies, comme ce glissement, il y a environ 6000 ans des images de la féminité – sexualité, fécondité – vers celles du masculin, de la guerre, de la domination, du pouvoir. Les tombes les plus riches montrent des chars, des flèches, des canines de loup, des signes solaires.
Pour imposer la servitude – nécessaire pour que riches et dominants existent, ils ont besoin d’accaparer la production d’autrui – il faut qu’elle soit en grande partie volontaire. Le dominé doit montrer un certain enthousiasme à l’être. L’archéologie des 20 dernières années a permis de suivre la mise en place de ces systèmes.
Une mise en place rapide ?
Jean-Paul Demoule: Non, la découverte de la chronologie fine de l’apparition du mégalithique a effacé son caractère de surgissement brutal et inexplicable. En réalité, les dolmens de pierre ont été précédés de tombes moins spectaculaires en bois et terre dont les traces, certes délicates à distinguer, ont été retrouvées et datées. Elles montraient une première différenciation sociale.
L’un des sites célèbres, celui de Carnac, (photo, Hervé Paitier) montre bien qu’avant d’aligner des menhirs, les hommes ont construit des tertres en terre. Ce n’est pas rien, au plan de l’histoire de nos sociétés mais aussi de la réflexion sur leur devenir, que l’archéologie ait mis à jour la généalogie de la domination et l’exploitation de l’homme par l’homme, et montré d’ailleurs qu’elle n’ait pas été de soi, sans résistances ni reculs.
Reste à expliquer, par exemple, pourquoi certains hommes ont voulu être plus puissants et riches que d’autres. Et comment la manipulation de l’imaginaire a pu être aussi efficace. Comment l’idée que le chef et exploiteur avait un destin spécial après la mort, qu’il bénéficiait d’une essence différente – comme le Pharaon dont les rituels sont nécessaires à la crue du Nil – d’une relation spéciale avec le surnaturel et les dieux, a pu être imposée mais aussi partagée par les dominants et les dominés. La dialectique du maître et de l’esclave est au cœur de cette archéologie.
Le grand mystère français, c’est celui de la Gaule. Sait-on désormais qui étaient «nos ancêtres les Gaulois» ?
Jean-Paul Demoule: Oui, leur image a complètement changé. Nous savons que 300 ans avant Jésus-Christ, la Gaule est densément peuplée, quadrillée de fermes aristocratiques de grandes dimensions et lieux de pouvoirs politiques. Deux siècles avant la conquête, apparaissent des formes d’États, environ 60, centrés autour d’autant de villes fortifiées – des oppida - où se concentrent les fonctions économiques, religieuses et politiques. (Photo, casque oiseau de Tintignac, Patrick Ernaux)
La très grande majorité de ces oppida découverts depuis vingt ans par l’archéologie préventive était absente des textes antiques et ignorée des historiens. Elles montrent un urbanisme organisé, avec des rues à angle droit, des bâtiments spécialisés, un artisanat très sophistiqué – bois, fer, salaison de porcs… - et une économie monétaire. Les villes battaient monnaies, avec même un alignement sur le denier romain pour le quart sud-est de la France bien longtemps avant la conquête, une sorte de zone monétaire intégrée avec l’empire romain. (Trésor de Laniscat, Hervé Paitier)
L’une des grandes découvertes ce sont ces sanctuaires, vastes espaces clos avec de grands bâtiments de bois où se déroulaient des cérémonies religieuses… les Gaulois avaient des temples et ne se réunissaient pas dans la forêt pour des réunions sacrées, avec druides et gui.
Dans la révision de l’historiographie, vous affirmez que la chute de l’empire romain n’a pas existé. N’allez-vous pas un peu loin ?
Jean-Paul Demoule: Cette idée des invasions barbares dévastatrices est une manipulation de l’histoire qui s’opère dès le Moyen-Âge. En fait, la relocalisation des élites à la campagne et la rétraction de la population des villes débutent dès le IIème/IIIème siècle. Et les villes sont dès lors moins densément peuplées, avec des sortes de potagers urbains. (Ci-dessous sépulture mérovingienne à Lagny sur Marne, © Laure Pecqueur, Inrap)
En revanche, l’archéologie n’observe pas de traces de destructions massives dans les villes, et à l’inverse les campagnes montrent une solide continuité des grandes exploitations agricoles à travers cette période soit disant bouleversée. Du coup, cela a conduit les historiens à une relecture des textes vers des migrations de groupes qui voulaient s’intégrer à l’empire. C’est plutôt un phénomène de réorganisation lent, sur trois siècles, avec des implantations d’élites qui négocient leur entrée.
Marleen Gorris 1995
"Antonia's line" en vo sous-titrée français :
Fichier avi de 826 Mo
Kromme Vinger
Il est absurde de croire que la douleur
constante qui nous afflige...
est là par pur hasard.
C'est tout le contraire.
La misère est la norme,
pas l'exception.
Qui pouvons-nous blâmer
pour notre existence?
Pas l'accident du soleil
qui nous a donné la vie.
Je m'en veux parce que
je ne crois pas en Dieu,
ni en l'au-delà. Si j'étais croyant,
je me tromperais moi-même
avec l'idée que la vie promet...
un dessert paradisiaque
après un repas indigeste.
Je n'ai jamais pu accepter ...
le concept équivoque
que un jour tout ira mieux.
Rien ne sera jamais meilleur.
Ni meilleur, ni pire,
se sera seulement différent.
Marleen Gorris "Antonia's line"
"Pour la vie" d'A.D.N.
P 349 : Toutes ces puissances fictives, devant lesquelles les hommes se courbent, ne sont rien par elles mêmes et leur existence factice est toute entière empruntée aux parts de vie dont les hommes se privent pour les leur donner.
P 366 : L'ennemi, c'est le Maître, quel qu'il soit.
P 391 : La soi-disant sagesse, qui prétend les diriger en les détournant du genre d'activité qui est propre à leur organisme pour les contraindre à en exercer une autre pour laquelle ils ne sont pas aptes, ne produit que la confusion et la souffrance.
P 394 : Le but de l'homme n'est pas de servir des idées abstraites : conceptions de son cerveau qu'il érige en idoles. Il n'a pas à s'efforcer d'être bon, honnête en vue d'une fantaisie de son imagination qu'il nomme la vertu, pas plus qu'il n'a à se proposer d'éviter ou de se livrer à une autre de ses créatures chimériques appelée par lui : le vice.
P 395 : L'homme n'a pas à chercher son but en dehors de lui, il n'a à le placer en rien d'extérieur ; hommes ou idées.
Rien ne l'oblige à se contraindre pour atteindre une fin quelconque. Il n'en a point d'autre que d'être lui même, tel que la nature la fait et de se conserver tel, en préservant son individualité contre ce qui est susceptible de l'amoindrir ou lui causer de la souffrance.
P 396 : L'humanité en général, pas plus que l'individu en particulier, n'a comme but d'être grande, glorieuse, de travailler, d'être ni de faire n'importe quoi. Production de l'univers, elle a surgi un jour en lui et elle continuera d'exister jusqu'à ce que les circonstances qui ont permis son apparition venant à se modifier, elle disparaisse dans l'éternelle succession des transformations de la matière : de Cela qui est Est.
Alexandra David Néel 1888
Sa profession de foi "Pour la vie", ses premiers écrits publiés.
Sur ce blog, les 6 chapitres en fichiers à déziper :
De la recherche du bonheur dans le présent
De l'antagonisme des intérêts 1
De l'antagonisme des intérêts 2
Theodore Sturgeon 1958
Et c’est ainsi que cet abruti presque illettré, crasseux, aux dents noirâtres, vêtu de loques infâmes, leva la tête dans le demi-jour et répondit à l’interpellation de l’intelligence la plus vaste, la plus complexe, la plus fertile en ressources, et la plus puissante de tout l’Univers connu :
— Ça va, ça va. Et alors qu’est-ce que tu veux ?
"To marry Medusa" ou "The cosmic rape" (Le viol cosmique)
"Le viol cosmique" en fichier odt sur ce blog
Henri Laborit 1976
Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier : la cape (le foc bordé à contre et la barre dessous) le soumet à la dérive du vent et de la mer, et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l’arrière, avec un minimum de toile. La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et son équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui surgiront à l’horizon des calmes retrouvés. Rivages inconnus qu’ignoreront toujours ceux qui ont la chance apparente de pouvoir suivre la route des cargos et des tankers, la route sans imprévu imposée par les compagnies de transport maritime.
Vous connaissez sans doute un voilier nommé « Désir ».
Se révolter, c’est courir à sa perte, car la révolte si elle se réalise en groupe, retrouve aussitôt une échelle hiérarchique de soumission à l’intérieur du groupe, et la révolte, seule, aboutit rapidement à la suppression du révolté par la généralité anormale qui se croit détentrice de la normalité. Il ne reste plus que la fuite.
"Eloge de la fuite" sur ce blog
Livre en fichier pdf
Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement
à travers les hommes de cette planète la façon
dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant
que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici cela a toujours été pour dominer
l'autre, il y a peu de chance qu’il y ait quelque chose qui change.
"Rencontre avec Henri Laborit"
Guy Debord 1988
Extrait du chapitre V des "Commentaires sur la société du spectacle"
La société modernisée jusqu’au stade du spectaculaire intégré se caractérise par l’effet combiné de cinq traits principaux, qui sont : le renouvellement technologique incessant ; la fusion économico-étatique ; le secret généralisé ; le faux sans réplique ; un présent perpétuel.
Le mouvement d’innovation technologique dure depuis longtemps, et il est constitutif de la société capitaliste, dite parfois industrielle ou post-industrielle. Mais depuis qu’il a pris sa plus récente accélération (au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale), il renforce d’autant mieux l’autorité spectaculaire, puisque par lui chacun se découvre entièrement livré à l’ensemble des spécialistes, à leurs calculs et à leurs jugements toujours satisfaits sur ces calculs. La fusion économico-étatique est la tendance la plus manifeste de ce siècle ; et elle y est pour le moins devenue le moteur du développement économique le plus récent. L’alliance défensive et offensive conclue entre ces deux puissances, l’économie et l’État, leur a assuré les plus grands bénéfices communs, dans tous les domaines : on peut dire de chacune qu’elle possède l’autre ; il est absurde de les opposer, ou de distinguer leurs raisons et leurs déraisons. Cette union s’est aussi montrée extrêmement favorable au développement de la domination spectaculaire, qui précisément, dès sa formation, n’était pas autre chose. Les trois derniers traits sont les effets directs de cette domination, à son stade intégré.
Le secret généralisé se tient derrière le spectacle, comme le complément décisif de ce qu’il montre et, si l’on descend au fond des choses, comme sa plus importante opération.
Le seul fait d’être désormais sans réplique a donné au faux une qualité toute nouvelle. C’est du même coup le vrai qui a cessé d’exister presque partout, ou dans le meilleur cas s’est vu réduit à l’état d’une hypothèse qui ne peut jamais être démontrée. Le faux sans réplique a achevé de faire disparaître l’opinion publique, qui d’abord s’était trouvée incapable de se faire entendre ; puis, très vite par la suite, de seulement se former. Cela entraîne évidemment d’importantes conséquences dans la politique, les sciences appliquées, la justice, la connaissance artistique.
La construction d’un présent où la mode elle-même, de l’habillement aux chanteurs, s’est immobilisée, qui veut oublier le passé et qui ne donne plus l’impression de croire à un avenir, est obtenue par l’incessant passage circulaire de l’information, revenant à tout instant sur une liste très succincte des mêmes vétilles, annoncées passionnément comme d’importantes nouvelles ; alors que ne passent que rarement, et par brèves saccades, les nouvelles véritablement importantes, sur ce qui change effectivement. Elles concernent toujours la condamnation que ce monde semble avoir prononcée contre son existence, les étapes de son auto-destruction programmée.
Commentaires sur la société du spectacle
Fichier open office document odt de 39 pages
Films de Guy Debord, et d'autres, sur UbuWeb
[3] Mama Béa 1978
Mama Béa "Pour un bébé robot" torrent t411
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