Aleatoire-Immanent

Aleatoire-Immanent

"Ecrire, c'est rater."

 

 

" -- Oui mais quoi ? dit-elle tout haut en se levant d'un bloc. Ecrire quoi ? Pour quoi faire, écrire ?

Pour raconter de la vie, se répondit-elle.

 Foutaises ! Au moins sur les pectorales, on a quelque chose à raconter que personne ne sait. Mais le reste ? Pour quoi faire, écrire ? Pour séduire ? C'est ça ? Pour séduire les inconnus, comme si les connus ne te suffisaient pas ? Pour t'imaginer rassembler la quintessence du monde en quelques pages ? Quelle quintessence à la fin ? Quelle émotion du monde ? Quoi dire ? Même l'histoire de la vieille musaraigne n'est pas intéressante à dire. Ecrire, c'est rater."

Fred Vargas


10/04/2014


TrSrf Sécurité personnelle et liberté ...

 
 

... dans le système techno-génétique

 par Vadim ZELAND

 
 
 
Texte divisé en paragraphes, de A à K, 
absents de l'original, pour en faciliter la lecture. 
 

Traduit du russe par Mme Maria NALLET

 

Mesdames, messieurs,

 

A

Je voudrais aborder les tendances du développement de notre civilisation, tendances qui affleurent à la surface mais, simultanément, restent imperceptibles car, par tous les moyens, elles sont passées sous silence par les mass-medias.

La réalité dans laquelle nous existons n’est déjà plus du tout la même que ce qu’elle était il y a de cela quelques dizaines d’années. Les changements se produisent très vite et croissent comme une avalanche, en s’accélérant. Ainsi, tout le monde connait le terme de biosphère, en tant que milieu d’habitation des êtres vivants. Mais peu nombreux sont ceux qui savent et réfléchissent au fait qu’il existe également une notion de technosphère. La technosphère, ce sont toutes les réalisations et progrès de la civilisation techno-génétique, en commençant par les appareils électriques domestiques et en terminant par les produits alimentaires. Tout ce que touche la technosphère subit une transformation capitale, pas toujours perceptible, y compris l’homme lui-même.

Il ne s’agit pas d’écologie de l’environnement. Il existe un problème autre, non moins sérieux car ce problème, ne se manifestant pas pour l’instant sous une forme évidente, porte en soi un danger envers ce qui est le plus précieux chez l’homme : sa liberté et son individualité. C’est cette question d’écologie de l’esprit qui, curieusement, soucie peu de gens. L’attention est déviée du côté de questions insignifiantes et non essentielles pendant que le monde change impétueusement dans un sens opposé, invisible. On peut avoir l’impression que rien ne se passe. En fait, quelque chose se passe.

Extérieurement, cela ne se manifeste en aucune façon particulière – comme si tout suivait son cours, notre civilisation suivant le chemin du progrès technique. En réalité, le progrès, dans sa forme où ses fruits sont utiles à l’homme, est déjà parvenu à son terme et s’avance maintenant dans une direction avantageuse pour le système technogène en tant que structure se développant de façon indépendante. Le système, comme une tumeur, s’est mis à grandir tout seul, activement, indépendamment désormais de la volonté humaine. Tout indique que ce processus s’est libéré de tout contrôle.

Quand la civilisation s’est engagée sur la voie techno-génétique du développement, des lois qui, auparavant, n’avaient pas cours, ont commencé leur mise en œuvre. Désormais, l’action de ces lois conduit au fait que la technosphère se love de façon décidée dans la matrice. La matrice est un sorte de conglomérat, un système où l’homme est réduit au rôle de pile alimentant ce système. Des films comme « Matrix » ou « Surrogates » (« Les Clones » en français), sont loin d’être de la science-fiction mais sont notre très proche avenir. Et ce qui est en cause n’est même pas la technique dont l’homme s’entoure. Quand les gens se retrouvent dans un champ commun d’informations, créé par différents moyens d’informations de masse, ils se trouvent sous le pouvoir du système. Ce n’est plus l’homme qui dirige le système mais c’est le système qui contrôle entièrement l’homme et le soumet au système. Au sein de la toile d’araignée des informations générales, cela se fait facilement.

À qui cela peut-il être avantageux ? Mais à personne. Tout simplement, l’homme est habitué à penser que tout ce qui se passe autour de lui se passe de par la volonté de certaines autres personnes. En réalité, le système se développe de façon autonome. Qui gèrent les jungles ? Personne : elles croissent et vivent comme il se doit depuis que les plantes se sont regroupées et se sont efforcées d’exister ensemble, tant bien que mal.

Tandis que l’avantage consiste, pour le système, en la chose suivante : il lui faut atteindre son point d’équilibre stable, se former en cette construction optimale où les humains, comme des cyborgs, vont entretenir son existence. Qu’est-ce qu’il lui faut pour cela ? Les cellules de la matrice doivent être remplies d’éléments obéissants. Et ces éléments doivent être, première- ment, pas tout à fait en bonne santé afin de ne pas disposer d’énergie libre et, deuxièmement, pas tout à fait sains d’esprit afin de ne pas comprendre où ils se trouvent. L’énergie et la volonté délibérée doivent être en quantité seulement suffisante pour exercer sans défaillance les obligations fonctionnelles ; ni plus, ni moins.

Avez-vous réfléchi à cette question : pourquoi, après leur travail, de nombreuses personnes ne veulent rien faire d’autre que s’affaler sur un canapé devant la télé ? Une fatigue de ce genre est une chose courante, on s’y est habitué. Mais est-ce normal ? Non. Habituel ne signifie pas normal. N’avez- vous pas réfléchi aux raisons qui font que la vie d’un homme de notre époque est prise, littéralement, en ciseau entre 20 et 40 ans ? En tant que jeune spécialiste, personne n’a besoin de vous du fait de votre manque d’expérience, tandis qu’après 40 ans on n’a plus besoin de vous parce que l’on a extrait de vous tout ce que l’on pouvait extraire. Pour la même raison, après 40 ans, le sexe opposé ne s’intéresse pas non plus à vous. De nouveau, est-ce normal ? Habituel : oui, mais en un sens quelque chose ne colle pas ici, n’est-ce pas ? Cela ne doit pas être comme ça !

Une autre chose encore est avantageuse pour le système techno-génétique : c’est la diminution de la population. Il semblerait que la diminution du nombre de consommateurs devrait conduire à une diminution de la restitution que le système reçoit de leur part. Mais, en réalité, quand le système se conformera en matrice, les consommateurs survivants deviendront semblables à des mécanismes dirigés, tandis que la société deviendra totalement contrôlable. C’est en cela que consistent l’objectif et le sens de cette convolution.

 

B

Et, à nouveau, une question se pose : est-ce qu’il y a quelqu’un derrière tout cela ? Actuellement, la mode est de discuter de bruits nébuleux relatifs à un certain gouvernement mondial, connu également sous le nom de « Club de Bilderberg » dont font partie les personnes les plus riches et les plus puissantes de la planète. Mais c’est juste une ruse du système pour dévier l’attention. Beaucoup pensent naïvement qu’il suffit d’éliminer cette poignée de parvenus qui, en secret, ont décidé de soumettre toute la population de la Terre et que le problème sera réglé. Il n’en est rien. Si, dans le potager, on n’arrache que la partie haute des mauvaises herbes, ces dernières disparaitront-elles ?

Les gens exerçant le pouvoir sont les marionnettes du système encore plus que ces membres lambda. Le système tire directement par des fils les premiers, tandis que pour les seconds c’est de façon détournée, par l’intermédiaire de la publicité, des faux objectifs, de la désinformation et autres balivernes que les premiers leur balancent. Dans la société moderne, il ne peut arriver que quelqu’un pense à quelque chose de global, par exemple, déclencher une guerre et qu’ensuite il le réalise selon un plan autonome. Le banquier ne pourra pas financer un si cher « plaisir » si un groupement favorable n’arrive pas au pouvoir, et ce dernier n’arrivera pas au pouvoir si les conditions favorables ne sont pas mûres pour cela. Dans le système, tout est lié et entremêlé. Mais les causes, il faut les chercher non pas dans les conditions elles-mêmes, mais plus profondément : là, où naissent ces conditions.

De quelle façon sont réalisés les plans du système ? Très simplement : premièrement, au moyen de la manipulation de l’attention de la majeure partie des gens et, deuxièmement et encore plus simplement, à travers la nourriture qu’ils mangent.

L’administration de l’attention est une des méthodes les plus efficaces d’administration en général. Il n’est même pas nécessaire de s’occuper d’une quelconque propagande idéologique : il suffit de faire penser l’âne à la carotte, en la suspendant devant son nez, et il ira là où vous le voulez. Le principe consiste dans le fait que l’attention est fixée sur une information qui est avantageuse pour le système, et qu’elle est déviée loin des questions vitales vers des choses insignifiantes. On peut donner une multitude d’exemples illustrant comment cela se réalise.

On invente des maladies contre lesquelles il faut vacciner tout le monde en urgence, tandis que le problème du cancer, qui devient de plus en plus aigu tous les ans, est conduit à l’opposé de la direction de la solution clef. Maintenant il se glisse très souvent dans les nouvelles une information selon laquelle, enfin, on a trouvé un médicament contre le cancer. Cela fait même rire, mais c’est triste en même temps. Et les gens continuent de mourir. Pourtant, la cause initiale et principale a été découverte dès 1931 par le docteur Otto Warburg. Pour cette découverte, il a reçu le prix Nobel. Mais cela a été vite oublié.

Le fait que la biosphère se soit déjà concrètement transformée en technosphère, et ce que cela induit, on ne le dit nulle part de façon directe. L’attention est déviée dans des directions tout autres, du côté de problèmes qui ne se sont jamais produits et dont il est inconnu s’ils surviendront jamais un jour. Par exemple, le réchauffement global, le refroidissement, une inondation, l’année 2012, etc.

Lors des discussions à propos du film « Avatar » l’attention se porte sur les effets spéciaux, tandis que le problème de la division de la société entre partisans de la technosphère et de la biosphère, qui nous attend dans un avenir très proche, est éloigné par tous les moyens. C’est pour cette raison que l’Oscar a été remis, non pas à « Avatar », mais à un film sur ces gars américains qui sauvent le monde des « Arabes agressifs » (« Les Démineurs » – The Hurt Locker).

De nouveau, cela ne signifie pas que quelqu’un oriente en coulisse les mass media dans la direction qui lui convient. Tout se passe par soi-même, comme il est d’usage dans les jungles. Attirer l’attention de l’homme moderne, gavé d’informations, n’est pas si facile. Par quoi est-il plus facile de l’attirer ? Par ce qui inquiète, trouble, fait peur. Les mass media fonctionnent ainsi de cette façon, pas de façon délibérée toutefois mais plutôt au niveau des instincts du journaliste.

La gestion est faite de façon tellement invisible, progressive et « naturellement » que personne n’en soupçonne rien. Les éléments du système n’ont même pas le temps de revenir sur eux-mêmes qu’ils sont encerclés de puces électroniques qui les placeront entièrement sous contrôle, comme des lapins en cage. Seulement ces puces ne seront pas implantées dans la tête, bien entendu, c’est toujours un subterfuge pour détourner l’attention. Que le peuple enrage à volonté, protestant contre telle action inhumaine qui prive l’individu de ses droits ! Tout sera fait beaucoup plus élégamment, par l’intermédiaire de permis de conduire ou de cartes bancaires sans lesquels les lapins ne peuvent tout simplement pas exister. On va leur expliquer clairement que c’est pour leur bien, leur commodité et leur sécurité. Et la majorité, comme d’habitude, va croire à toute ces sottises qu’on leur assène ; et va obéir.

 

C

Il semble qu’avec l’information tout est plus ou moins clair. Mais que vient faire ici la nourriture, est-ce que l’on peut vraiment administrer par son intermédiaire ? Bertrand Russel, philosophe et pacifiste anglais, a écrit il y a longtemps que, par le biais d’une nourriture particulière et des « soins » médicamenteux on peut vraiment créer un type tel de gens qu’ils seront aussi obéissants que les moutons dans un troupeau.

Voici un exemple concret. Le gouvernement américain a annoncé en 1974 que l’objectif de diminution de la population dans les pays du tiers-monde était une question de sécurité nationale. De quelle manière supposait-on réaliser une telle politique ? Le mémorandum pour la sécurité nationale des États-Unis recommandait directement, à côté de l’initiation de guerres, l’utilisation des produits alimentaires en tant qu’instrument de diminution de la population.

Bien avant ce memorandum, le système avait généré un courant tel que l’eugénisme (idée d’une « hygiène de race » et de diminution de la population). Les premières expériences pilotes des adeptes de l’eugénisme ont été primitives, inhumaines, « anti-démocratiques », comme on a l’habitude de le dire maintenant, et ont trouvé un écho vivant dans les idéologies du nazisme et du stalinisme. À l’heure actuelle, tout ceci est fait avec beaucoup plus de raffinement (presque élégamment) et voilé, par l’intermédiaire de la chimie et des organismes génétiquement modifiés (OGM).

Au début on concevait des armes biologiques, mais on a ensuite compris qu’il est plus efficace d’agir par la « voie pacifique ». La technologie transgénique est une invention géniale du système, elle fait d’une pierre deux coups : d’une part, c’est un moyen pour diminuer la population, d’autre part c’est aussi un moyen de causer un préjudice à la sécurité alimentaire de certains pays car les graines des plantes modifiées ne germent plus et la banque des semences sera donc toujours entre les mains des corporations. Une méthode idéale de manipulation. Ce n’est pas la peine de commencer une guerre. Tout simplement, vous refusez aux indociles la livraison des semences au bon moment et vous faites avec eux ce que vous voulez. Plusieurs pays se retrouvent déjà littéralement à genoux.

Le système perfectionne constamment ses méthodes. Car une politique des adeptes de l’eugénisme aussi primitive que celle de la stérilisation forcée, bien entendu, va soulever une vague de protestation dans l’opinion publique. Mais, de nouveau, ceci est juste un subterfuge pour détourner l’attention, un sorte d’os jeté à la foule pour être déchiqueté. Les méthodes réelles fonctionnent furtivement et petit à petit, s’adaptant à l’opinion publique et se voilant sous de soi-disant objectifs humanistes. Ce mimétisme en apparence a toujours l’air utile, par exemple : la modification génétique des plantes est à la fois nécessaire et avantageuse car elle augmente le rendement et supprime la nécessité de recourir aux pesticides. Dites-le vous- mêmes, est-ce vraiment mal ?

En fait, c’est un mythe artificiellement créé par des corporations. Les faits indiquent que le rendement des plantes transgéniques est bien inférieur et, à la place des anciens parasites des champs et des mauvaises herbes en apparaissent d’autres, qui n’ont peur de rien, et pour lesquels il faut inventer de nouveaux pesticides. Dans les champs de soja génétiquement modifié règne un silence mortel : on n’entend ni le chant des oiseaux, ni le bourdonnement des insectes, on n’observe tout simplement aucun des mouvements de la vie, comme si ces plantes étaient en plastique. Mais ceux qui n’ont pas vu cette image, ils n’ont pas peur de manger les saucissons, ils ne soupçonnent même pas que des ingrédients issus d’organismes génétiquement modifiés soient désormais ajoutés à pratiquement tous les types de nourriture : les semi-fabriqués, les produits de charcuterie, les pâtisseries, les laitages, les céréales, le chocolat, la mayonnaise, les sauces, les boissons ; dans toute cette nourriture de matrice que l’on peut trouver au supermarché. On ne se gêne même pas pour en ajouter dans l’alimentation des bébés. Mais peu de gens en sont informés, car toutes ces informations sont soigneusement cachées.

Vous pouvez vous demander : - est-il possible qu’aucune recherche n’ait été effectuée ? Bien entendu qu’elles ont été réalisées : suite aux requêtes des corporations-productrices des OGM. Les résultats de ces recherches sont à l’évidence gaillards et joyeux : « les OGM ne sont absolument pas nocifs ». Probablement des chercheurs-mercenaires travaillent à l’heure actuelle d’arrache-pied pour prouver que, de surcroît, les OGM sont tout à fait bénéfiques pour la santé. Une seule étude indépendante a été réalisée pour la première fois par Mme Irina ERMAKOVA, docteur en biologie, mais elle a été interrompue précipitamment car elle a conduit à des conclusions choquantes.

Aux États-Unis des lois sont adoptées dont l’une interdit de cultiver des fruits et des légumes dans son jardin, et l’autre d’apposer les étiquettes correspondantes sur les produits contenant des OGM. C’est-à-dire que les gens sont de facto privés de la possibilité de faire un choix. Mange ce que l’on te donne et tais-toi. Cela sonne saugrenu, n’est-ce pas ?

Le plus intéressant est que la politique du gouvernement américain (ou du « gouvernement mondial » – appelez-le comme vous voulez), dirigée contre les pays du tiers-monde, s’est retournée avec des conséquences imprévues pour les États-Unis eux-mêmes. Un tiers des Américains est déjà stérile. L’autre tiers souffre d’une obésité exorbitante. Alors que, il y a de cela seulement une trentaine d’années, c’était une nation qui courait, maniaque des produits organiques (naturels). Et encore un tiers se bourre d’antidépresseurs. Voici une statistique simple et évidente. Personne ne s’étonne que le syndrome de fatigue chronique et de stress se soit transformé en norme de vie de l’homme moderne. Et cela aussi est soi-disant normal.

Comment sont apparus des changements si frappants ? Les produits biologiques n’intéressent-ils donc plus personne ? La raison est toute simple : la nourriture synthétique, particulièrement le fast-food, lequel est très répandu en Amérique, provoque une accoutumance qui ne se distingue en principe en rien de celle des drogues. Toute la population de la Terre se compose déjà de drogués de la nourriture endurcis.

Encore une autre simple statistique : au cours des dernières années, un tiers des abeilles sont mortes. Pourquoi cela se passe-t-il, personne ne le sait exactement. Parmi les causes probables : le smog électromagnétique provoqué par les communications mobiles, les plantes transgéniques, la chimie et, peut-être, tout ceci réuni. Cela signifie-t-il donc qu’il n’y aura plus de miel ? Non, c’est bien pire : il n’y aura plus de plantes pollinisées par les abeilles. Et elles représentent au moins le trois quart de l’ensemble, ces plantes-là. Dans certaines provinces chinoises, les abeilles ont été complètement détruites par les pesticides et désormais les plantes y sont pollinisées par les humains, littéralement à la main. Mais ce problème n’intéresse personne ; tous sont préoccupés par le mythe de l’année 2012, inventé jadis par les Mayas.

 

D

Tout ceci est excessivement triste. L’homme, imaginant qu’il est le tsar de la Nature, a déployé un remue-ménage présomptueux et destructif procédant au remaniement d’une biosphère unique qui avait mis des millions d’années pour se créer. Vous comprenez ce qui se passe ? C’est semblable au fait de laisser pénétrer un singe dans un laboratoire de chimie. Et quoi que ce singe puisse y faire, même du point de vue scientifique ou supra-scientifiques, cela s’avérera être une catastrophe.

La principale idée que je veux porter jusqu’à vous consiste dans le fait que nous sommes dirigés non pas par des personnalités concrètes mais que, tout simplement, unanimement et inconsciemment, nous avançons dans la matrice où le contrôle du système sera total. Tout ceci se déroule sous l’égide de transformations démocratiques et humanistes, se déroulant elles- mêmes dans le cadre de la coopération, de la paix, du sauvetage de l’humanité, etc. L’homme asservi par le système perd non seulement sa liberté de choix, il commence à désirer ce qui est avantageux pour le système. Et ce processus est initié et orienté non pas sciemment, il se déroule par lui-même, conformément aux lois de l’auto-organisation du système parasitaire, c’est-à-dire de façon synergétique. Peu de gens le voient et le comprennent.

Ces messieurs du Club de Bildelberg peuvent imaginer qu’ils sont capables de contrôler quelque chose mais c’est une erreur, le système les avalera eux-mêmes et, de surcroît, en tout premier lieu. La situation est depuis longtemps hors de contrôle. Bien qu’il soit tout à fait possible qu’ils l’aient compris car ceux qui font partie de ce Club sont des gens tout à fait intelligents, bien entendu.

Donc, la nouvelle réalité n’est plus du tout la même qu’auparavant et les règles de survie en son sein ne sont pas les mêmes non plus. Nous nous sommes réveillés dans une autre réalité. La civilisation a fait un brusque virage d’une Nature naturelle de l’homme vers la société techno-génétique. Et cela se reflète très fortement sur les humains, ils ne sont plus tant des individus libres mais bien plutôt des éléments du système, dont une partie considérable des énergies et de la conscience est sous contrôle de ce système.

Le système techno-génétique est absolument destructif dans son essence, aussi bien en ce qui concerne la biosphère de notre planète que pour l’homme – ses capacités se bloquent, ses possibilités sont brusquement réduites – justement dans le but qu’il n’empêche pas le système de se développer comme cela lui convient. Mais l’homme ne voit rien de tel et ne sent rien du fait que « l’opération » se déroule sous anesthésie générale, en état de sommeil profond, ce que le patient, une fois encore, ne soupçonne même pas.

La vie dans le système techno-génétique est construite de sorte que la conscience soit brouillée tandis que l’attention est conduite le plus loin possible de la situation réelle des choses. L’homme dans la matrice ne voit pas la réalité telle qu’elle est en réalité, ne comprend pas d’où proviennent tous ces « quoi, pour quelle raison et pourquoi ». Il est privé de vision, il a tout simplement les yeux bandés.

Comment se brouille la conscience ? Tout simplement. Souvenons-nous de l’histoire de Sinbad le Marin, du conte des « Mille et une nuits ». Un jour, les voyageurs arrivent dans un pays où les aborigènes les accueillent très cordialement et se mettent à les nourrir avec des aliments délectables. Les voyageurs mangent de cette nourriture pendant plusieurs jours et, progressivement, leurs corps se transforment en d’énormes choses boudinées, leur conscience se brouille. Ils ont cessé d’apprécier objectivement la réalité. Comme il s’est avéré, on les a gavés pour les conduire ensuite à l’abattoir.

Je ne cesse de répéter que les contes et la science-fiction n’existent pas, qu’il s’agit d’aspects de notre réalité qui ont déjà été, ou seront, réalisés. Ce que nous laissons pénétrer directement en nous, c’est-à-dire la nourriture, l’eau et les informations, sert d’instrument direct en vue de l’affaiblissement de la clarté de la conscience. Quand on mange des aliments naturels et que l’on boit de l’eau pure, la conscience devient sensiblement plus lucide, c’est prouvé.

Comment est détournée l’attention ? Ces derniers temps, vous pourriez remarquer que les gens présentent des signes manifestes de dispersion, d’oubli, d’inattention. Très souvent, on peut être témoin de ce que c’est comme si l’attention boitait : les gens font des fautes élémentaires, s’embrouillent dans des choses simples, accomplissent des actions inadéquates. On a le sentiment qu’une grande partie de l’attention humaine est accaparée par quelqu’un, ou par quelque chose.

C’est comme avec l’énergie : si l’homme est malade, la part du lion de ses énergies est accaparée, écartée pour la lutte contre la maladie. Ou bien, si l’homme a pris sur soi une insurmontable charge d’obligations, la plus grande partie de son énergie libre, à nouveau, est bloquée, réservée pour ces obligations.

Dans mes premiers livres j’avais écrit à propos de l’envahissement de l’attention par un balancier, lorsque l’homme, irrité par quelque chose, soucieux ou apeuré, tombe en quelque sorte en état de stupeur, plonge la tête la première dans son problème, comme dans un rêve et cesse de voir et de percevoir ce qui se passe dans sa réalité. Mais, à l’époque, je n’avais pas décrit cela comme un phénomène de masse. De nos jours, la régularité des masses est clairement observée. Les gens, dans leur grande majorité, dorment, littéralement, ils agissent comme s’ils étaient endormis, ils ne conduisent pas leur vie, c’est la vie qui se passe par elle-même. Je considère ce phénomène comme un signe inquiétant car, il y a 2 à 3 ans de cela, cela ne se manifestait pas encore aussi clairement.

Il existe une illustration simple de l’effet de cette mainmise sur l’attention. Quand un groupe de gens part en pique-nique à la campagne, que fait- il en premier lieu ? Il ouvre les portières de l’auto et met la radio à fond. Il semblerait que cela soit étrange, au lieu de se reposer du bruit de la ville, d’écouter le silence de la forêt et les chants des oiseaux, on allume ce hachoir à cerveau. Tous parmi nous sont-ils donc des amoureux de la musique ou des nouvelles toutes fraîches ?

Comparez l’homme moderne et celui qui a auparavant vécu il y a des milliers d’années, quand il n’y avait pas de journaux, ni de cinéma, de radio, de télévision, d’internet et de téléphones mobiles. Ce sont des gens complètement différents ! Et la différence principale ce n’est pas même au niveau de l’intellect, de la civilité ou de l’éducation. En fait l’homme moderne, concretement, s’est piqué à « l’aiguille informative », il n’est même pas capable de se passer du torrent extérieur des informations. C’est justement ce torrent, créé par le système, qui fait naître l’effet de mainmise de l’attention.

Vous pouvez avoir l’impression que vous êtes entièrement concentrés par ce que vous faites en ce moment mais, en réalité, juste une petite partie de votre attention est active. La plus grande partie est liée par un fil invisible à la toile informative du système, est réservée pour le flux extérieur dirigiste, comme un coffre de dépôt dans une banque.

Et une autre, non moins importante partie de l’attention, est encore bloquée, se trouve en état d’hibernation. C’est la nourriture synthétique qui induit ce blocage, comme tout autre produit chimique provoquant un état modifié de conscience, dans une plus ou moins grande mesure.

 

E

Avec l’apparition et le développement des méthodes techno-génétiques de traitement de la nourriture la situation s’aggrave d’une année à l’autre. Par exemple, la particularité du psychisme des enfants modernes et notamment l’hyperactivité et le déficit d’attention sont souvent expliqués par le « phénomène indigo ».

En fait, l’indigo n’est ici pour rien. Le comportement hystérique qui caractérise actuellement les enfants depuis leur plus jeune âge est provoqué par une teneur importante en chimie et en produits synthétiques dans les produits de supermarché. La nourriture synthétique est aussi toxique que l’alcool ou les drogues. Et voici le système nerveux qui est détraqué. L’enfant gigote comme une girouette dans le vent. Il a du mal à étudier, n’est pas capable de concentrer son attention et de rester assis en place.

À mon époque, quand nous étions « pionniers », c’est-à-dire scouts, nous savions rester assis. Ma génération se souvient encore que l’on pouvait nous obliger à rester assis avec les mains croisées sur la table. Et pourquoi les enfants d’aujourd’hui ne le peuvent plus ? Leur humeur et leurs énergies changent constamment. En quoi diffèrent-ils des pionniers de l’époque, de ce que nous étions, nous ? Nous étions aussi enragés mais savions nous concentrer, facilement.

Et maintenant je dirais que les enfants ne sont plus enragés (comme des enfants doivent, en fait, l’être) mais, plutôt, fatigués. Un jour d’été je marchais le long de la mer et j’ai vu devant un grand groupe d’enfants, probablement venant d’une colonie de vacances. On venait de les amener au bord de la mer, ils s’étaient déshabillés et avaient été autorisés à rentrer dans l’eau. J’étais prêt à passer au travers d’une foule désordonnée et folle de monstres hurlant, courant, sautillant. Mais pas du tout. Ils se comportaient comme des retraités après un déjeuner copieux. Et ceci, en tenant compte de ce que, d’habitude, la mer excite les enfants.

Bien entendu, tous ont des enfants différents et, même sur les adultes, la chimie n’agit pas de la même façon. Pourtant, le tableau est évident : celui d’une intoxication par le synthétique mortifère, avec tous les symptômes qui accompagnent cette intoxication et qui sont déjà devenus la norme. On considère que c’est normal car, conformément au principe de la société « si cela est ainsi chez tout le monde, alors c’est que cela doit être ainsi ». Mais est-ce que c’est comme cela que tout doit se passer ?

Les produits synthétiques provoquent chez l’homme une dépendance similaire à celle des narcotiques. L’accroissement des maladies dégénératives est corrélé, par exemple, très clairement du point de vue statistique avec l’apparition et le développement de nouvelles technologies de préparation de la nourriture, telles que la conservation, le raffinement et tous types de traitements chimiques. Les technologies alimentaires se développent non pas d’après des notions d’utilité mais selon les principes : bon, pratique, à la mode, maintenant tout le monde fait comme ça.

On a d’abord inventé de séparer les céréales et le riz de l’enveloppe et du germe, dans lesquels se trouve justement tout ce qui est le plus précieux. Les produits à partir de ce grain traité sont devenus blancs, tendres et vaporeux. Quelqu’un s’est rendu chez quelqu’un d’autres et les a vus : quelles viennoiseries moelleuses, quel riz blanc ! Comme c’est joli ! J’en veux aussi ! Ainsi, tous en ont voulu. Ensuite, tous se sont habitués. Seulement, on a commencé à tomber malades. Mais personne ne pensait relier l’apparition de nouvelles maladies aux changements de technologies alimentaires. Presque personne. Et, encore de nos jours, peu de gens réfléchissent à cela. On mange et on tombe malade. On tombe malade et on mange.

Un fait intéressant. Dans la France du Moyen-Age, cette France qui est la patrie de la haute cuisine, un grand plat de salade verte était un plat principal et quotidien des gens simples. Le peuple mangeait une nourriture simple et naturelle. Les recherches culinaires étaient le privilège de la noblesse : c’est pour eux que les chefs s’efforçaient de préparer quelque chose de spécial, pendant qu’eux-mêmes, se trouvant en cuisine, avalaient des plats entiers de salade verte. Dans les plats des seigneurs on n’ajoutait cette même verdure qu’en tant qu’assaisonnement et de décor.

Et donc, les maladies et les différentes indispositions de cette époque étaient un signe caractéristique des nobles. C’était considéré comme à la mode d’avoir le visage pâle et de se vautrer toute la journée au lit, languissant du spleen de la « haute société » et de la santé précaire. C’était la mode. Et, au contraire, l’aspect bronzé, en bonne santé, simple était le signe distinctif des basses couches. Vous savez, pas le temps de tomber malades. Et de la force, on en à gogo. Bosser toute la journée, c’est l’habitude, ensuite on peut se consacrer à des amabilités quelque part dans une botte de foin, sans problème.

Pourtant, peu à peu, la gastronomie raffinée s’est développée partout et, de surcroît, pour beaucoup grâce à cette même mode. Par exemple, les conserves ont été inventées afin d’assurer à l’armée de Napoléon une nourriture pratique. Mais, ensuite, les conserves sont tout simplement devenues à la mode, comme une des réalisations du progrès. Imaginez, les gens assis à une table recouverte de différents pots de conserves. Et même les conversations à table tournaient autour de ces conserves : « Et quels pots avez-vous mangés aujourd’hui. Nous avons mangé ceci et cela. Comment, vous ne mangez pas de conserves ?! Mais vous êtes un attardé ! »

Au début, la technologie de conservation se limitait à un long traitement thermique. Mais, par la suite, on a inventé différents conservateurs, renforçateurs de goût, arômes, additifs, parfums. On ne fait pas que s’habituer à une telle nourriture : elle provoque une très forte dépendance narcotique, un attachement à la mangeoire. Et l’essentiel, c’est qu’il s’avère que cela est commode pour tous, aussi bien pour les fabricants que pour les commerçants et les consommateurs. Tous sont piqués à la même aiguille et chacun y voit son avantage. Et, une fois encore : on mange et on tombe malade, on tombe malade et on mange.

On a l’impression que l’homme moderne n’est pas Homo Sapiens mais plutôt une espèce domestiquée, apprivoisée et nourrie de force qui ne réfléchit absolument pas à quoi on la nourrit, ni dans quel but. Homo Mansuetus : un homme domestiqué vivant dans une ferme humaine.

Le système est intéressé par le fait que tous marchent d’un même pas. Et il est d’autant plus facile de régir cet ordonnancement que tous sont reliés à la même mangeoire. Et il est même facile en outre piloter tout cela si tous aspirent aux mêmes objectifs succédanés et ont peur des mêmes problèmes. Jetez un coup d’œil sur n’importe lequel des mass media et vous verrez clairement un tableau terriblement primitif : d’un côté, sur tous les écrans et en première de couverture, on nous impose le culte du succès et de la consommation et, de l’autre et en même temps, on nous effraie par des nouvelles inquiétantes. C’est ainsi que l’ordre est maintenu.

 

F

Il se peut que l’effet secondaire le plus terrifiant de la civilisation techno-génétique ce soient les maladies dégénératives et, de ce fait, une fin précoce de la vie. La chimie, les radiations, les OGM ne se ressentent pas mais tuent réellement, seulement de façon lente. C’est une mort lente. Et c’est le chemin de la mort et non pas celui de la vie. Il faut être très naïf pour considérer que toutes ces « commodités synthétiques » passeront pour rien. Nous ne sommes pas des androïdes, n’est-ce pas ?

Curieusement, on est toujours fortement impressionné par la mort d’un homme célèbre, surtout si dans sa vie il a obtenu de grands succès. Mais peu de gens sont impressionnés par la statistique générale qui reste toujours quelque part dans l’ombre, en dehors du cadre. Mais la statistique est la suivante.

En Russie, 300 000 personnes par an meurent du cancer. Aux États-Unis, un demi-million. La population d’un petit pays. Imaginez, annuellement, qu’à l’intérieur de chaque grand État meurt un pays entier. Juste du cancer. Et, tous les ans, ces chiffres augmentent considérablement. En outre, on observe depuis peu un « rajeunissement » sensible de la maladie.

40% de la population européenne, selon le magazine New Scientist, est reconnue psychiquement souffrante. Il est difficile de le croire ? Pourtant, si l’on tient compte du fait que la dépression s’est accrue jusqu’à devenir une pandémie, il n’y a rien qui étonne. Allergie, arthrose, problèmes de colonne vertébrale, ce sont toutes des épidémies de masse.

Rien qu’en Russie, au cours des 20 dernières années, 800 000 personnes se sont suicidées. Cela veut dire qu’en moyenne 40 000 personnes par an perdent la vie, non plus en raison de maladies mais parce qu’elles considèrent que vivre plus longtemps n’est plus supportable. Mais, en tant que mécanisme au départ, il ne faut pas du tout y voir les difficultés de la vie mais les états dépressifs provoqués par l’intoxication alimentaire.

Tous les jours 37 000 personnes meurent de faim. Toutes les 5 secondes, un enfant meurt de faim. On nous a promis que, un jour, les OGM allaient nourrir toute l’humanité. Mais l’introduction des OGM non seulement n’a pas réussi à régler ce problème mais a conduit à l’augmentation de la stérilité, à la ruine des fermiers, ainsi qu’à la mort des insectes pollinisateurs, ce qui peut conduire à une chaîne aux conséquences catastrophiques.

Voici les statistiques à ce jour, qui ne sont pas largement affichées et restent en dehors du cadre. Mais ce qui est important ce ne sont pas tellement les chiffres mais que toutes les maladies citées soient des maladies dégénératives. Cela signifie que l’organisme s’émiette littéralement, se dégrade sous la pression des conditions non naturelles et agressives du milieu extérieur.

L’idée essentielle (que l’on tait habituellement) consiste dans le fait que l’origine de toutes ces maladies, incluant également ici le suicide, est purement techno-génétique. Dans l’histoire de l’humanité, avant le début de l’introduction de la technosphère dans tous les aspects de la vie, surtout dans les technologies alimentaires, il n’y avait rien de similaire.

Ainsi, le flux de l’information créé par le système engendre un effet de mainmise sur l’attention. Et une autre partie de l’attention, non moins importante, est bloquée, se trouve en état d’hibernation. Le blocage est induit par la nourriture synthétique. Ces phénomènes sont de premiers symptômes et les signes du fait que le système, comme une tumeur, commence à s’accroître activement. Pour l’homme, cela ne se passe pas sans dommages, ses capacités se limitent, ses possibilités diminuent brutalement. Au final, l’homme perd la santé et le sens de la délibération. Il cesse de comprendre ce qu’il consomme et ce qui se passe autour de lui.

Simultanément avec le développement de la technique et des technologies se forme la conscience techno-génétique correspondante, la conscience des cyborgs, si vous voulez. Le premier est impossible sans la seconde, tout est lié. On mange synthétique, on devient cyborg ; on devient cyborg, on mange synthétique. Pour l’homme tout ceci ne signifie qu’une seule chose : il se met en cage, dans une cellule de la matrice. Et cela n’est plus de la science-fiction.

Pourquoi ne parle-t-on nulle part de cela de façon claire et précise ? Cela aussi est conforme. Premièrement, ce type d’information n’est pas avantageux pour le système et, deuxièmement, la conscience des humains est assez fortement bloquée, leur attention est usurpée, elle est constamment conduite du côté de choses secondaires, non essentielles

La conscience de l’homme est organisée de telle sorte qu’elle soit d’un côté libre, étant la conscience de l’individu mais, en même temps, ne puisse se trouver en état de vol libre ou en état suspendu. La conscience a besoin d’un appui, comme l’oiseau a besoin d’une branche. Si au début du développement de la civilisation c’est la religion qui pouvait servir d’un tel appui, maintenant l’initiative, de façon imperceptible mais avec beaucoup d’assurance, s’est transférée au système, la matrice énergético-informative.

 

G

Question : comment en sommes-nous arrivés là ? En fait, dans le système techno-génétique règne sans partage la loi suivante : celle du bénéfice à tout prix. La course généralisée au profit a fait de nous les prisonniers, les otages des intérêts des fabricants et des commerçants. Le moyen le plus simple d’obtenir de super-bénéfices c’est la diminution du prix de revient. Plus il y a de synthétique dans un produit, plus bas en est le prix de revient. Plus la durée de conservation est longue, plus il est facile de vendre le produit.

La question suivante vient à l’esprit : mais quel droit ont-ils pour nous nourrir de cette cochonnerie? Comment a-t-il pu arriver que, tout autour, il n’y ait que du synthétique ? Et pas seulement dans la nourriture, en tout.

De nouveau, très simplement : si la conscience du consommateur se trouve à un bas niveau, littéralement à un niveau de zombie, alors on peut lui donner n’importe quoi. Et il va croire que tout ceci est non seulement utile mais vitalement nécessaire pour sa santé même.

Si la conscience aussi bien des personnes prises à part que de la société toute entière était un peu plus élevée, nous continuerions de boire du lait et de la bière naturels, mangerions un saucisson naturel sans soja OGM, etc. Mais nous ne sommes pas des individus libres et réfléchis. Nous… je ne voudrais pas utiliser de termes vulgaires, c’est pourquoi je m’exprimerais plus convenablement, nous nous trouvons dans une ferme et nous mangeons donc ce que l’on nous donne. Telle est notre situation.

La régularité paradoxale consiste dans le fait que l’évolution de la conscience, faisant un tour complet, ne monte pas sur une marche supérieure mais revient au point initial. À ce propos, il est conforme qu’à côté de la théorie évolutive la théorie de l’involution acquièrent ces derniers temps de plus en plus de popularité, théorie conformément à laquelle les singes ne sont pas les ancêtres de l’homme mais en sont des branchements inférieurs, dégradés. Pourtant, à mon avis, la « déshumanisation » ne nous menace pas, au moins dans un avenir proche. Tandis que la cyborguisation est très probable et ce, très rapidement.

Tout se passe ainsi non pas parce que les fabricants et les commerçants soient une catégorie de gens méchants et malintentionnés. En fait, le système les oblige à agir ainsi et pas autrement. Et, de même que la révolution dévore ses enfants, les enfants du système se retrouvent alors en son pouvoir.

De surcroît, quand le monde est entré en crise et s’est ensuite enlisé dans une récession profonde, la course aux bénéfices est devenue de plus en plus aigüe. Et cela se reflète maintenant de plus en plus visiblement sur la qualité des marchandises. Toutes les marchandises, pas seulement les produits alimentaires. Dans tout produit de consommation courante, en commençant par la peinture et en terminant par une ampoule, on ajoute des composants chimiques pas chers qui présentent un danger direct non seulement pour la santé mais pour la vie même.

Pour une raison inconnue, personne ne parle clairement et ouvertement de cet aspect de la crise. Et, justement, cet aspect se développe maintenant de façon grandement accélérée. On peut avoir l’impression que rien ne change, mais ce n’est pas vrai. Hier, vous achetiez un produit de consommation courante d’une certaine qualité, aujourd’hui il sera tout autre. La course, c’est la course.

Les différents modèles du système agissent différemment. Le modèle socialiste prive de la liberté de choix. Le modèle capitaliste asservit. Le système techno-génétique fonctionne d’une façon intéressante : il n’opprime pas directement et n’exerce pas de pression directe , il crée des conditions telles que ses éléments, des vis, s’affûtent par eux-mêmes pour les besoins du système et se mettent à désirer ce qui est avantageux pour ce dernier.

Tout est construit sur la dépendance. Toute nourriture synthétique brouille la conscience et provoque une très forte dépendance narcotique. Le système n’a pas d’autres moyens d’action sur la conscience que la nourriture, les informations et les conditions du milieu extérieur. C’est justement ces moyens qu’il utilise.

 

H

La médecine n’est pas très émue par les faits cités. Bien au contraire. La médecine, ainsi que la pharmacologie, est un très grand business. Ce business n’a pas besoin de patients en bonne santé, mais de malades. Que peut-on soutirer d’un patient en bonne santé ?

Pratiquement tous les jeunes gens éprouvent actuellement une grande quantité de problèmes de santé, ce qui n’avait pas été observé sur les générations précédentes. Nos enfants, nourris avec du synthétique de supermarché, vivront moins que nous. Autrefois, la tendance était contraire. Désormais, les enfants vivront moins longtemps que leurs parents. Et pourront-ils eux-mêmes avoir des enfants ? Une grande question. Comprenez-vous ce qui se passe ?

Comme je l’ai déjà dit, le système a besoin d’éléments qui ne sont pas en très bonne santé, sinon ils échapperont au contrôle. Non, bien entendu, vous devez aller au travail et exécuter vos obligations mais vous devez aussi, constamment, de façon chronique, être malades, aller chez les médecins et prendre des médicaments. C’est seulement dans cet état que vous allez satisfaire aux exigences du système.

Si l’on jette un regard sur soi-même, sur le monde environnant et sur la place que l’on a au sein de ce monde, il n’est pas difficile de comprendre que, en permanence, au moins une chose nous accable, un fardeau de circonstances, d’obligations, de conditions, de conventions, d’objectifs, de valeurs. La vie est tendue parce qu’elle est en quelque sorte imposée de l’extérieur. Il est avantageux pour le système que les gens soient constamment occupés par quelque chose et qu’ils doivent faire quelque chose, pour qu’ils n’aient pas le temps de s’arrêter et de comprendre ce qui se passe.

La pression qui se tend se manifeste avant tout dans le fait qu’on impose aux gens de faux objectifs, de faux stéréotypes, des clichés de succès et les voies de son obtention. Tout ceci, le plus souvent, ne s’accorde pas aux qualités individuelles, force la personnalité. Mais les gens, étant en état de songe inconscient, pensent qu’il faut s’adapter à ces standards.

Littéralement se passe ce qui suit. On accroche aux gens des sortes de pinces mentales. La raison et la volonté se retrouvent contraintes, comme dans un costume qui, au départ était grand et confortable et que l’on a ensuite rétréci et attaché de tous côtés. Les gens marchent comme étant court-circuités, privés de courant.

Cette pince, c’est ce qui vous oppresse ou ne correspond pas à votre « Je ». Un fardeau pèse sur vous, mais vous devinez vaguement que ce n’est pas correct, que cela ne doit pas être comme ça. Voici quelques exemples caractéristiques de telles pinces :

1. « On peut gagner l’amour par une stratégie intelligente ». Réfléchissez à cette phrase. Quelque chose cloche, n’est-ce pas ? Mais c’est justement sur ce sujet que sont écrits des milliers de livres, et c’est justement ce que vous faites quand quelqu’un vous plait.

2. « Obtenir un bon travail est très difficile ». En effet, l’expérience vécue démontre que c’est ainsi. Et, en même temps, quelque chose cloche ici. Quoi exactement, qu’en pensez-vous ? Mais c’est que quelqu’un trouve quand même ce travail et vit dans la joie. Mais pourquoi lui et non pas vous ? Il est, contrairement à vous, l’élu ? Mais, peut-être, c’est parce que vous avez permis que soit accrochée à vous cette fausse conviction et que, maintenant, vous la retransmettez constamment dans votre monde, comme une boîte à musique.

3. «On peut faire revenir le bien-aimé ». Il y a beaucoup de livres qui sont écrits à ce sujet et c’est justement cela que vous tentez de faire quand on vous a délaissé. Et vous, vous croyez vraiment que cela soit possible ? Ou bien vous a-t-on obligé d’y croire, parce que vous voudriez y croire ?

De facto, l’homme moderne est entrainé dans une course du fait de tout ce qu’il doit, du point de vue de la société, atteindre, et c’est pourquoi il se trouve en état de stress permanent. Il est étonnant qu’il arrive à supporter tout cela. Car la pression augmente de jour en jour. Pourquoi ?

Jusqu’à une époque récente les stéréotypes de la société n’exerçaient pas une telle pression et n’avaient pas telle force parce qu’il n’existait pas ce système global de synchronisation des informations qui existe maintenant. Maintenant, tous sont pris dans la même toile. L’échange anodin d’informations se passe instantanément. Mais l’échange d’information lui-même, ce n’est pas ce qui est essentiel. Un rôle décisif est joué par un processus autre, l’échange d’opinions. Toutes ces cotes de popularité, élections, sélections, concours, shows télévisés, blogs, forums, You Tube et enfin « plait – plait pas » dans les réseaux sociaux, tout ceci constitue un échange et une synchronisation des opinions.

Il est curieux que personne ne réfléchisse à qui, et pourquoi, cela est nécessaire. Comme si le système avait programmé exprès les gens de sorte qu’ils échangent volontiers leurs opinions sur tout sujet, sans jamais se poser de questions sur le but et le sens de ce qui se passe. Tout un chacun pense qu’il ne fait que jouer à un jeu rigolo. En même temps se crée l’illusion complète que chaque participant joue lui-même, manifestant la libre expression de sa volonté. Et personne ne soupçonne que le jeu est contrôlé de l’extérieur et que se poursuit un objectif non déclaré. Personne n’éprouve le sentiment qu’il est mené comme une marionnette.

 

I

En quoi consistent l’objectif et le sens ? La propriété la plus désagréable du système, et la plus subtile, c’est sa capacité à inventer des illusions et à agir imperceptiblement, petit à petit. L’homme au sein du système commence à désirer justement ce qui est avantageux pour ce dernier. Clairement, sa conscience devient façonnée à la fraise par les besoins du système. Comment y parvenir ? Il convient de façonner à partir d’un individu non standard une vis standard. Sa vision du monde, ses qualités, ses défauts, ses capacités et ses besoins, tout doit être uniformisé. Silencieusement, sans précipitation, d'une façon ou d'une autre, niveler tout le monde.

Ainsi, ce « plait – plait pas », sous toutes ses formes, est le moyen de la synchronisation des opinions, de l’unification des valeurs, de la création des standards et des stéréotypes. Chaque « Je » séparé et unique, petit à petit, est nivelé par l’avalanche de « l’opinion publique ». En cela consistent tout le sens et tout le but du jeu. Tout est très simple : mieux les opinions sont synchronisées, plus les vis sont « pareilles ». Toutes quitteront la chaîne, toutes comme une, unifiées et standardisées. Un système totalitaire fonctionne selon les mêmes principes.

La distinction réside en cela seulement : dans un système totalitaire l’unification se déroule de façon coercitive, tandis que dans le système techno-génétique, c’est tout doucement, imperceptiblement, petit à petit.

Au sens propre, l’accrochage de pinces mentales c’est justement ce processus de nivèlement de la personnalité. Le principe de la société – « si tous pensent et font ainsi, alors c’est que c’est correct » – fait office d’une sorte d’axe autour duquel tout ce processus gravite. Et le rôle des pignons en mouvement est joué, bien que cela paraisse étrange, une chose à laquelle « personne n’oserait penser, personne n’oserait croire », par les formes inoffensives de l’échange des informations dans la toile informative, par le biais des réseaux sociaux, par exemple.

Des illustrations vivantes de la façon dont tout cela se passe en réalité, vous les verrez sans difficulté par vous-même si vous prenez le soin d’observer. Il ne reste que de s’étonner de la géniale auto-organisation du système.

C’est de cette façon que se produit l’effraction de la personnalité, avec unification ultérieure. Il n’est pas difficile de comprendre à quoi cela mène. Quand l’individualité est estompée ou effacée, la personnalité ou, plus précisément, ce qu’il en reste, se retrouve solitaire et impuissante dans un monde environnant et oppressant. La capacité d’auto-réalisation individuelle est retirée de la personnalité (avec son accord inconscient). Et par la suite, évidemment, cette personnalité nivelée se retrouve prise sous la coupe du système. C’est pourquoi la vie est parfois si difficile et même insupportable.

En plus de ce qui provient du milieu techno-génétique agressif, l’homme est constamment sous pression de la tension sociale, de la concurrence, de la rivalité. Tout ceci conduit, même si cela paraît étrange, à des problèmes au niveau de la colonne vertébrale. Selon différentes estimations, plus de 90% de la population civilisée souffre de ce problème. La propagation universelle des maladies de l’appareil locomoteur est un phénomène de notre époque ou plutôt de la civilisation techno-génétique car les aborigènes ne sont pas affectés par de telles maladies.

On peut supposer qu’il n’y a qu’une seule cause, un mode de vie sédentaire, pourtant ce n’est pas exactement ça. Il s’avère que cette question a autant de médecins que d’opinions. Et plus intéressant encore est le fait que la médecine moderne est pratiquement impuissante devant cette maladie du siècle. Les maux du dos ne se soignent pas et se transforment, dans le meilleurs des cas, à un stade chronique qui évolue lentement.

Le docteur "alternatif" américain John E. Sarno, à la suite de recherches sur plusieurs années, est arrivé à la conclusion que la cause principale de l’apparition de ces maux est, non pas des détraquements fonctionnels et structurels mais les émotions refoulées. L’homme moderne se trouve en état de stress permanent. Cet état est devenu pour lui presque habituel, « normal ».

Voici quelques-uns des principaux facteurs provoquant le stress :

  • Les responsabilités au travail, dans les études
  • Le trajet, aller et retour, vers le travail
  • Les problèmes financiers
  • Un changement de profession, de lieu d’habitation
  • Les problèmes dans les relations avec les collègues et les proches
  • Les déconvenues au travail et dans la vie personnelle
  • Un sentiment aigu de responsabilité
  • Une forte motivation intérieure, le besoin d’être le meilleur, d’être le premier.                                                        --- Des places essentielles sont occupées dans cette liste par la responsabilité et la motivation. Ce sont ces pinces essentielles que le système accroche à l’homme afin que, d’un côté, lui soit donné un coup de fouet et, de l’autre, soit limitées son énergie, sa conscience et sa liberté ou, en d’autres termes, pour « calmer son ardeur ». Quand s’accumule une masse critique de telles émotions se développe ce que John Sarno définit comme le syndrome de tension musculaire (STM).Le stress émotionnel se transforme en tension physique. L’énergie des émotions (surtout celles qui sont refoulées), ne va nulle part, ne disparaît pas, mais se transforme en transgression fonctionnelle, le spasme musculaire. Et ceci, à son tour, conduit à des transgressions structurelles, scoliose dorsale, hernie intervertébrale, etc.Le syndrome de tension musculaire, selon les dires du docteur Sarno, ne suscite pas d’intérêt de la part de la science académique parce qu’il ne laisse pas derrière lui de traces causales. Les émotions ne peuvent pas être placées dans une éprouvette, pesées et mesurées. Les méthodes médicales, étant essentiellement celles du laboratoire, ne peuvent pas enregistrer l’action du syndrome de tension musculaire.Le syndrome de tension musculaire n’apparaît pas simplement comme un phénomène mais exerce une fonction de remplacement de la douleur mentale par une douleur physique ce qui sert de cause première à l’apparition du syndrome de tension musculaire.

    L’homme supporte plus facilement une douleur physique que des souffrances morales. D’autant plus que le cerveau est, dans notre corps, l’organe essentiel. Le cerveau préfère éprouver de la douleur physique dans le corps plutôt que des émotions négatives au sein de sa conscience. Tant que l’attention est occupée par cette douleur, les émotions refoulées ne peuvent pas ressortir au niveau de la conscience.

La deuxième cause d’apparition du syndrome de tension musculaire est similaire à la première : la conscience humaine s’efforce de placer tous les problèmes qui la tracassent le plus loin et le plus profondément possible, dans le subconscient.

Angoisse, colère, sentiment de culpabilité, responsabilité, faible jugement porté sur soi-même sont repoussés à l’intérieur du subconscient parce que la conscience ne souhaite pas éprouver tout ceci, ni le montrer aux personnes présentes. Pourtant, arrive un moment où le subconscient ne peut plus tout contenir en son sein. Apparaît alors le syndrome de tension musculaire.

Dans la nature, les problèmes se règlent simplement et naturellement : on a peur – de l’adrénaline dans le sang – on court – la peur est partie. On est fâché – de nouveau de l’adrénaline – on égratigne quelqu’un – on se sent mieux. Dans le système techno-génétique, cela ne fonctionne déjà plus. Le cerveau et le système nerveux ne sont pas habitués à l’existence dans un tel milieu. L’évolution n’a pas eu le temps d’en arriver là. De l’activité physiologique et physique, s’il vous plaît. Mais que faire avec ces émotions qui ne trouvent pas d’issues, le cerveau ne le sait pas d’où sa réaction primitive : les remplacer par une douleur ou une maladie.

Les muscles qui sont affectés du syndrome de tension musculaire se trouvent dans la partie postérieure du cou, dans le dos, dans les fesses. Ce sont justement eux qui sont responsables de la position correcte de la tête, du corps et garantissent un travail efficace des mains. Le système sait où accrocher ses pinces. Afin que la marionnette bouge comme il convient, il faut l’attacher et la suspendre correctement. Ainsi les pinces mentales en engendrent d’autres encore , des pinces somatiques.

Les pinces mentales bloquent l’attention, la volonté, la conscience, la raison. Les pinces somatiques bloquent directement les muscles et l’énergie.

D’après les observations de John E. Sarno, l’épidémie générale des maladies du dos a commencé il y a 30 ans et continue jusqu’à aujourd’hui sa croissance régulière. Il s’avère que la source se trouve quelque part dans les années 1980 du siècle dernier. Avant, on n’observait rien de similaire à cette échelle. Que s’est-il passé ? Car le développement du système techno-génétique, avec son action néfaste, a commencé bien avant. Aussi bien le mode de vie sédentaire que le stress permanent et les mécanismes d’évincement des émotions dans le subconscient existaient bien avant. Pourquoi le syndrome de tension musculaire commence-t-il justement à se manifester il y a 30 ans ?

Le docteur Sarno ne donne pas de réponses à cette question. Mais la solution, à mon avis, est évidente car elle affleure à la surface. C’est justement dans les années 80 qu’a commencé le développement des technologies de l’information, des supports informatifs, des moyens d’informations de masse, de relations et de communications.

Avec l’apparition des ordinateurs personnels, des CD, DVD, de la télévision par satellite, de l’Internet, des téléphones mobiles et, ces derniers temps, des réseaux sociaux, une puissante chute d’informations se déverse sur l’homme. C’est littéralement une intoxication informative qui commence.

Si, auparavant, on arrivait tant bien que mal à refouler les problèmes psychiques dans le subconscient, maintenant, alors que la surcharge en informations a atteint un seuil critique, le volume du subconscient ne suffit plus, cela déborde sous forme de problèmes physiques. L’homme moderne est tellement surchargé d’informations que son organisme, sa conscience et son subconscient n’arrivent plus à venir à bout de la pression des facteurs techno-génétiques.

Le docteur Sarno, avec une pratique sur de nombreuses années, a réussi à trouver le chemin de la délivrance du syndrome de tension musculaire. La méthode s’est avérée étonnement simple. Si l’homme comprend que la source des symptômes douloureux réside dans les émotions refoulées, la douleur disparaît alors. Quand la cause du syndrome de tension musculaire se dévoile, le subconscient comprend en quelque sorte qu’il ne pourra plus vous tromper de cette façon.

La douleur ne disparaît pas toujours tout de suite. Cela peut se passer au bout de quelques jours, parfois un ou deux mois plus tard. Comme si le subconscient essayait de faire semblant qu’on ne l’avait pas condamné pour « crime caché ». Car c’est vraiment un crime vis-à-vis de l’organisme, le subconscient, en transférant le problème sur le corps, reconnaît ainsi sa fai- blesse mais désormais, quand le « secret » est éventé, ce subterfuge ne passe plus. Vous pouvez lire plus de détails à ce sujet dans le livre de John E. Sarno «Healing Back Pain: The Mind-Body Connection ».

 

J

Ainsi, la technosphère a engendré un autre phénomène de notre époque encore, l’intoxication informative. Les gens sont tellement saturés d’informations qu’il est très difficile de les étonner et de les intéresser à quelque chose. Les mass-medias, dans ces conditions, surexploitent la plus petite chose qu’ils soient capables de trouver afin d’attirer l’attention. D’où cette hystérie distordue à propos de la « fin du monde » qui s’approche. Malheureusement, tout ceci ne fait qu’accumuler les agressions et un réel potentiel pour des catastrophes réelles car la conscience collective se forme à la réalité correspondante.

Dans les conditions d’une telle pression informative, il convient de doser consciemment et de filtrer les informations, de ne pas laisser pénétrer à l’intérieur de soi tout ce qui se passe et de ne pas s’engager à n’importe quoi. Cela ne signifie pas qu’il faut jeter la télé, débrancher le téléphone et abandonner pour toujours le réseau social. Le principe consiste dans le fait de se trouver en position d’observateur distancié et non pas d’éponge absorbant l’information.

Il est important de se souvenir de trois principes fondamentaux :

1. La conscience (je suis conscient de ce que je fais en ce moment, dans quel but et pourquoi).

2. L’observation (je ne plonge pas la tête la première, mais j’observe de loin et sainement).

3. La sélectivité (je n’absorbe pas les informations mais je sélectionne ; j’observe ce que se passe, vers quoi je suis actuellement entrainé, vers quoi on essaie de m’entrainer et est-ce que j’ai vraiment besoin de cela).

Malheureusement, je ne peux pas dessiner au cours d’une courte conférence tous les aspects de l’action néfaste de la technosphère. En concluant le sujet et au risque d’épuiser votre patience, chers auditeurs, je voudrais encore mentionner un facteur du système techno-génétique qui influence fortement, bien que de façon invisible, l’homme, à savoir le rayonnement radio des téléphones mobiles et des antennes des réseaux.

Ici, il y a déjà un danger réel d’apparition de tumeurs du cerveau suite à l’action permanente du rayonnement électromagnétique. Les fabricants de téléphones et les opérateurs des réseaux le savent mais ce facteur ne les soucie pas : ils sont trop accaparés par la course aux bénéfices. Les utilisateurs des téléphones soit ne le savent pas, soit se retrouvent dans l’état que l’on peut appeler de « sécurité de troupeau ». Car tout le monde utilise les téléphones mobiles. Est-ce possible que tous ne sentent pas le danger ?

Je vous annonce une nouvelle désagréable : ils le peuvent. L’homme est capable de demeurer dans un état d’euphorie insouciante, sans faire attention à des signes inquiétants pendant longtemps, jusqu’au moment où le malheur le touchera personnellement ou quand il sera devenu évident que le troupeau était engraissé pour être conduit à l’abattoir.

On peut donner l’exemple suivant. Jusqu’aux années 1980 du siècle dernier tous, avec enthousiasme, saluaient l’apparition de matériaux de construction bon marché à base d’amiante. Personne ne faisait attention aux avertissements des spécialistes relatifs aux propriétés cancérogènes de ce minéral et les fabricants d’amiante ont fait d’énormes profits à l’époque. Les apparitions massives de tumeurs ont ensuite commencé. Mais l’industrie de l’amiante, c’est un business à plusieurs milliards et les fabricants, pendant longtemps encore, ont eu la possibilité de faire du lobbying pour leurs intérêts, s’efforçant par tous les moyens de prouver une « sécurité absolue ».

Actuellement, l’amiante n’est totalement interdite que dans les pays de l’Union européenne. Ailleurs dans le monde, non. Ainsi, la guerre de l’amiante n’est toujours pas finie. Pourquoi ? L’heure n’est pas encore venue. En fait, les tumeurs se développent pendant très longtemps, environ 35 à 40 ans. Si l’on tient compte du fait que le point culminant dans l’utilisation de l’amiante c’est la fin des années 1970 – début des années 1980, alors il n’est pas difficile de comprendre que le point culminant des maladies cancéreuses est devant nous, entre 2015 et 2020. Le mécanisme d’horlogerie est encore en marche.

Il est évident que les conséquences d’une large implantation de la téléphonie mobile commenceront à se manifester à partir de 2035. Personne ne sait quels seront le caractère et l’échelle de ces conséquences. Le plus effrayant est que c’est une expérience globalisée et qu’elle est réalisée sur l’humanité toute entière. Et comme le rayonnement électromagnétique, à côté d’autres choses, induit des modifications génétiques, on peut considérer que cette folle expérience est réalisée non seulement sur la génération actuelle, mais également sur la génération future, qui n’est pas encore née. Etes-vous prêts à attendre 20 à 30 ans pour vérifier les conséquences de cette expérience ?

Imaginez ce qui se passera dans 30 ans ? Que deviendra notre planète ? Qui de nous sera là ? Qu’est-ce qui nous attend, un blockbuster fantastique, dans lequel il ne restera presque plus d’eau pure ni de nourriture normale ? Cela sera un monde surpeuplé où l’on se bagarrera pour l’eau et la nourriture ou, peut-être, des rues vides ? Mais la question n’est pas d’écologie de notre planète mais d’écologie personnelle.

Nous ne pouvons pas compter sur quelqu’un qui arrangera tout. Et nous n’avons plus le temps d’attendre. Nous voulons assurer la sécurité de notre écologie personnelle, ici et maintenant, et non pas dans le futur : quand les fabricants et les commerçants comprendront enfin ce qu’ils produisent et ce qu’ils vendent, et que les médecins apprendront à guérir les maladies.

 

K

Je profite de l’occasion pour être le porte-parole des adeptes russes de la biosphère. Nous proclamons une Convention сLIEBE pour réunir tous ceux qui s’efforcent de préserver l’écologie de notre planète, ainsi que leur écologie personnelle.

cLIEBE est formé par l’initiale C du mot Convention, la racine allemande Liebe – amour et latin Liber – libre. cLIEBE est également l’abréviation de la construction russe « Convention de sécurité personnelle et de liberté ». Dans les conditions du système techno-génétique les temps sont parfaitement mûrs pour parler d’écologie personnelle, de sécurité personnelle et de liberté.

En 2009 à l’Assemblée générale de l’ONU, dans le cadre du « Concept du développement durable », on a adopté une résolution selon laquelle on proposait aux organisations et aux pays-participants d’examiner les problèmes de la vie en harmonie avec la Nature. Nous soutenons cette résolution mais voulons aller plus loin encore afin que le principe de l’existence harmonieuse avec la Nature devienne non seulement une question de sécurité écologique au niveau des États, mais également au niveau de la sécurité personnelle de chacun.

Si l’homme lui-même ne se soucie pas de sa sécurité personnelle, il n’est pas la peine de compter sur l’aide de l’État. « Le concept du développement durable » existe depuis plusieurs années mais rien n’a changé, n’est-ce pas ? Au contraire, la situation continue de s’aggraver.

Nous avons fait un premier pas dans cette direction : dès l’année prochaine, la ressource informative cliebe.com, commencera à fonctionner. Elle permettra de regrouper sur un même site les fabricants, les commerçants, les consommateurs et les experts adeptes de l’idée d’un développement biosphérique.

Nous n’appelons pas à l’opposition. Lutter contre le système, où règne la course aux profits, c’est la même chose que de lutter contre les moulins à vent. On peut vivre au sein du système, profiter de ses biens et, en même temps, être indépendant de ce système et se protéger de son influence néfaste. Pour cela il convient de connaître les règles d’une existence sûre au sein du milieu techno-génétique.

Avant tout, il ne faut pas oublier son origine biosphérique, ne pas perdre les restes de la Mère-Nature au sein de soi-même et de son entourage, ne pas permettre de se laisser entrainer dans une « cyborguisation » généralisée, ne pas se transformer en cellule de la matrice mais faire tout pour conserver son individualité, sa liberté, sa conscience, sa santé, ainsi que la biosphère autour de soi.

L’objectif de la Convention cLIEBE est d’informer les gens des règles d’une existence sûre au sein du milieu techno-génétique et de regrouper les adeptes de la biosphère.

Et notre objectif, le notre comme le votre, c’est de faire un choix au profit d’une production écologique. Tout est très simple. Nous ne pouvons pas casser le système existant mais nous pouvons donner la préférence aux marchandises et aux services naturels. Comme tout le monde le sait, telle est la loi de l’offre et de la demande.

Premièrement, renoncer à la nourriture contenant des OGM, de la chimie, du synthétique, ainsi que des additifs qui semblent être soi-disant « naturels ». S’efforcer, dans la mesure du possible, d’utiliser au minimum la chimie et le synthétique dans la vie courante. Les alternatives existent et vont exister davantage s’il y a une demande.

Deuxièmement, utiliser le téléphone mobile dans son rôle direct, en tant que téléphone (ou bien, s’il le faut, débrancher son régime de radio-communication). Ne le prendre dans les mains que quand cela est vraiment nécessaire, le tenir loin du corps et surtout loin de la tête. Le seul moyen efficace permettant d’éviter un rayonnement direct sur le cerveau c’est l’utilisation d’oreillettes et d’un microphone au bout d’un fil. Justement, au bout d’un fil et pas au moyen d’un quelconque autre système émettant du rayonnement.

Troisièmement, doser consciemment le flux entrant des informations, ainsi que sa participation directe à la toile informative généralisée.

On peut proposer beaucoup d’alternatives encore, mais déjà ces mesures élémentaires seront suffisantes pour réaliser des changements considérables dans notre vie en direction de la biosphère. Si nous regroupons nos efforts, nous pourrons alors créer une oasis de biosphère au sein du système techno-génétique. Personnellement, je suis persuadé que la biosphère et la technosphère peuvent exister en équilibre si le système travaille pour l’homme, et non pas l’homme pour le système. Prenons soin de notre petite planète si fragile, de nous-mêmes, ainsi que de nos enfants.

Je vous remercie pour votre attention.

 

 



25/04/2014


Le lien qui nous rattache aux autres

 

 

 
Juste au dessus : l'extrait (- de 2 mn) 

 

"Dans la perception d'un homme attentif, la réalité se livre.
C'est toujours au dedans de nous, que la connaissance a lieu.


La paix intérieure c'est cela ; et c'est cela l'attention. C'est un état de communication universelle ; un état de réunion. La vie intérieure c'est cela ; c'est savoir que la paix n'est pas dans ce monde, mais dans le regard de paix, que nous portons sur le monde. 


Tout ce qui fait accepter la vie est bon, tout ce qui nous la fait refuser est médiocre et provisoire. Toute la vie nous est donnée avant que nous la vivions, mais il faut toute une vie, il faut peut être plus, pour devenir conscient de ce don. Toute la vie nous est donnée chaque seconde ; le monde commence aujourd'hui."


"Rallumer à l'intensité de ce qui commence, tout ce qui succède"


 "Retrouver l'aube, naître. Retrouver l'aube partout, partout, partout... c'est une façon de vivre. Reconstituer la naissance dans tout automne, faire resurgir l'irruption de la première fois, car il n'en est pas d'autre.

  

Découvrir, ressentir, voir dans chacun de ceux qui nous entourent, ce qu'il y a de plus jeune, de plus neuf, de plus fragile, et qui demande attention, protection."


"Oh, s'éveiller chaque matin, et pourquoi pas chaque minute,

et regarder le monde qui commence."

 

Retranscription des dernières minutes de 

"Le lien qui nous rattache aux autres [2]"

 dans l'émission "Sur les épaules de Darwin"

 de Jean Claude Ameisen

 

Sur les épaules de Darwin, le lien qui nous rattache aux autres [2]


30/06/2014


Domestication

 

 

 



 Voilà comment ont été domestiqués les animaux, du moins pour les plus petits.


25/08/2014


Nous sommes des héritiers

 

 

Une des plus grandes révolutions scientifiques des 150 dernières années, a probablement été l'idée que l'ensemble de l'univers, y compris l'univers vivant qui nous entoure et nous inclus, est émergence, devenir, transformation, métamorphose, qu'il s'est construit, a évolué à partir d'interactions entre les composants élémentaires de la matière, à partir d'un mélange de contingences, de hasards, et de contraintes, de relations de causalité auxquelles nous donnons le nom de lois de la nature.


La science moderne a redécouvert à partir du milieu du 19 ème siècle, près de deux millénaires après le "de naturarerum" de Lucrèce, l'idée que l'univers vivant a émergé et évolué en dehors de tout projet, de toute intentionnalité, et de toute finalité. Car ce n'est pas par réflexion ni sous l'empire d'une pensée intelligente que les atomes ont su occupé leurs places. Ils n'ont pas concertés entre eux leurs mouvements, mais comme ils sont innombrables et mus de milles manières, et qu'ils se rencontrent et s'unissent de toutes les façons possibles et font sans cesse l'essai de tout ce que peuvent engendrer leurs combinaisons, il est arrivé qu'après avoir tenté union et mouvement à l'infini, ils ont abouti enfin, aux soudains ensembles massifs dont tirèrent leurs origines ces grands aspects de la vie : la terre, la mer, le ciel, et les espèces vivantes.

Si le vivant est nature, et la nature "natura", littéralement ce qui est entrain de naître, celà fait entre trois milliard et demi et quatre milliard d'années, que le vivant est en train de naître et de se métamorphoser, en faisant émerger selon les mots de Darwin, "à partir d'un début si simple le foisonnement sans fin des formes les plus belles et les plus merveilleuses". Et depuis son origine, la vie n'a jamais cessée, n'a jamais disparue, ne s'est jamais interrompue, mais elle n'a cessée de se transformer.

"Ce qui fut se refait, tout coule comme une eau,

et rien dessous le ciel ne se voit de nouveau." chante Ronsard.

"Mais la forme se change en une autre, nouvelle,

et ce changement là, vivre au monde s'appelle".

Depuis son origine, c'est sous la forme de ses composants les plus élémentaires et les plus universels, les cellules, que le vivant s'est propagé à travers le temps. Et nous ne représentons que l'une des innombrables variation que les cellules ont réalisé sur le thème de la complexité. La véritable généalogie qui sous tend la continuité du vivant, est une généalogie de cellules, une généalogie cellulaire. L'immense majorité des êtres vivants qui nous entourent et qui nous ont précédé depuis la nuit des temps, sont des êtres unicellulaires composés d'une seule cellule, comme les bactéries et les levures. Mais chacun d'entre nous est, comme tous les animaux et les plantes qui nous entourent, une généalogie, une succession de génération de cellules, un microcosme écrivait Darwin émerveillé, un microcosme, un tout petit univers constitué d'une multitude d'organismes qui se reproduisent, incroyablement petits et aussi nombreux que les étoiles dans le ciel. 

Depuis huit cent million à un milliard d'années, depuis la naissance des premiers animaux et des premières plantes dont le corps est composé de plusieurs cellules, se répète un événement à la fois familier et mystérieux : une cellule unique, une cellule oeuf fécondé, nait de la fusion de deux cellules qui proviennent de deux individus distincts, donne naissance à un univers entier, un corps, oiseau, arbre, papillon, fleur ou être humain, qui grandit, vit pendant un temps, puis s'efface et disparait, souvent après avoir contribué à son tour à la naissance de cellules oeuf fécondé, d'où surgissent de nouveaux univers.

 

A la question de ce que nous sommes avant notre début, la réponse est à la fois simple est étrange : nous sommes une potentialité, déjà présente mais encore fragmentée, éparpillée dans deux cellules séparées, lointaines, qui appartiennent à deux nébuleuses distinctes, et qui un jour par hasard, se rejoignent et fusionnent en une cellule unique, nouvelle. Et de cette succession d'explosions fugaces à travers l'espace et le temps, nous sommes, avec l'ensemble des animaux et des plantes qui nous entourent, les seuls témoins, et les seuls survivants.

 

Retranscription des premières minutes de

"Une hérédité des caractères acquis (2)" 

lien direct vers le player

dans l'émission "Sur les épaules de Darwin"

           de Jean Claude Ameisen

 

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20/09/2014


La vie...


                avant : un potentiel
                déclencheur : l'opportunité 
                comment : l'expression d'un talent
                loi : éprouver
                but : vain


La vie apparaît quand un potentiel rencontre l'opportunité

qui lui permet d'exprimer un talent, une capacité d'action,

tout en éprouvant sa viabilité et son environnement, 

sans autre but que d'être, ce pour un temps limité.

 

La définition s'applique à tout phénomène

naturel, par exemple : un feu.


07/12/2014


Esprit y es-tu?

 

 

Pourquoi nous ne sommes ni un esprit incarné, ni réincarné, ni une entité réellement distincte et isolée.

Déjà parce que le concept d'esprit est une invention humaine, ce qui ne veut pas dire que l'esprit n'existe pas, ce pourrait être, avec beaucoup de chance, une de nos découvertes, comme on découvre un continent ou une planète, même s'il y a bien plus de probabilités pour ce ne soit qu'une création de notre imagination, une oeuvre de notre cerveau, une fiction.

Ensuite parce que 1 n'existe pas, il n'y a pas de 1, il y a l'ensemble et les parties de cet ensemble. Le fait de dire "je", le fait de dire que tout ce qui est issu du développement d'une graine est un individu, le fait de dire d'un grain de sable ramasser sur la plage et tenu entre ses doigts qu'il est 1, est une facilité de langage et une commodité mathématique. 

En effet, imaginons ce grain de sable entre nos doigts déclarant : "je suis 1, je suis "je", je suis un individu", et remettons le alors avec commisération sur la plage de sable .... 


Ce grain de sable est le x milliardième de la somme des grains sur cette plage, quand bien même arriverait-on à diviser l'ensemble de ces grains de sable par leur nombre pour trouver effectivement 1, il serait encore possible de diviser cet unique grain de sable en une infinité d'autres 1. 
Tout est composé d'une multitude de 1, même le 1, donc 1 n'est qu'une facilité de langage, une commodité mathématique. Une unité de matière, comme il y a une unité de temps quand on définit que telle période commence ici et s'arrête là, ou une unité de mesure qui va d'ici à là bas, tout en sachant que le temps est aussi avant la période et qu'il continue après, que donc l'unité n'est qu'une convention, et qu'elle pourrait elle même être divisée en une multitude d'autres unités. 

Comment un esprit unique et particulier pourrait-il s'incarner dans une entité unique et particulière, quand aucune structure, et d'autant plus qu'elle est complexe, n'est fermée ? Si monde de l'esprit il y avait, ce ne pourrait être qu'un monde de purée d'esprits, un magma, un océan, où toute particule d'esprit est mélangée, est broyée et recyclée. Aucun esprit individuel ne pourrait y survivre. Tout comme notre propre corps n'y survivrait pas s'il n'était pas continuellement composé, décomposé, recomposé, des éléments de son environnement, dont il ne peut être séparé. 

A mon avis il est raisonnable de dire que l'arbre est de la terre qui s'est élevée, de même par extension on peut dire qu'un animal est de la terre qui s'est mise à se déplacer. Mais peut on dire qu'un arbre, s'il est de la terre qui se lève, est un individu séparé de la terre ? Non parce que toute sa vie d'arbre il est en étroite relation avec la terre et qu'au final il n'y aura plus de distinction entre l'arbre et la terre. Dans le moment où il est l'expression de la vie il semble être un individu qui s'est détaché de la terre, mais s'il s'en est différencié momentanément, il n'en est qu'une des multiples manifestations, tout comme une fleur fait partie de la plante qui la porte. Il en est de même pour l'animal.

 

 

La notion d'individu est une convention qui tâche d'établir une frontière entre un phénomène particulier propre au renouvellement continu de la nature, et son environnement immédiat. Cette frontière d'ailleurs est arbitraire, floue, et varie en fonction des circonstances. En effet et par exemple, à quelle distance de ma peau commence mon corps ? C'est selon le lieu, et ce qui m'entoure. A quelle distance de mon centre se situe la frontière de mon individu ?

Dans quelques années les processeurs des ordinateurs auront conscience d'eux-mêmes, (comme dans "2001 l'odyssée de l'espace", ou dans "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" ), il s'en trouvera alors un avec assez d'imagination pour penser que la conscience qu'il a de lui-même lui a été donné par un être supérieur, (autre que son créateur humain s'entend), ou bien qu'il est la réincarnation d'un esprit qui trainait dans les limbes, cette idée se répandra car elle est plaisante, rassurante, parce qu'elle comble un vide de sens et met l'univers en ordre, et surtout parce qu'elle nie la mort, la mise au rebut, la fin et le recyclage. 



 Mon cerveau m'enseigne mon unicité, mon individualité, ma seule vie, mon seul corps, seulement parce que c'est ainsi que vivent les membres de l'espèce à laquelle j'appartiens, et il se trouve que c'est une espèce très imaginative. Imaginative au point de s'être racontée une foultitude de sagas, d'histoires, de légendes, au coin du feu, devant un auditoire ou à soi-même, sur une feuille blanche ou sur un clavier. On peut se demander qu'elle est la fiction que nous n'aurions pas déjà inventée.

 

Si être un individu est un fait, c'est avant tout une illusion. Illusion d'abord imposée par notre entourage dès les premiers jours après notre naissance qui commence par l'attribution de notre nom, mille fois répété avec amour autour de notre berceau : "bonjour petit Alea" "qu'il est mignon ce petit Alea Toar i Manent" 


JE n'est rien, mais est tout ce que J'ai.


01/01/2015


Trésor

 

 

Un élément est apparu avec la révolution néolithique, (la pratique de l'agriculture), un élément inconnu de l"humanité depuis son origine il y a des centaines de milliers d'années, c'est le stock. Evidemment lié aux moyens et aux capacités de stockage, (conteneurs, silos, conservation, domestication, gardiennage ), stock lié aussi à sa gestion due à la nécessité de boucler l'année avec l'unique récolte annuelle, à sa préservation d'une année sur l'autre, à sa défense contre les voisins ou les pillards, sous peine de famine. 


Les plus forts, les mieux armés par la nature, les hommes, sont devenus les protecteurs de ce stock, et le plus fort, ou le plus violent, des hommes, est devenu le seigneur local.


Si l'invention de l'agriculture a permis de nourrir plus de gens, - quoique que pendant longtemps ils furent plus petits et moins vigoureux que leurs ancêtres chasseurs-cueilleurs -, elle a initié presque partout la domination masculine, la hiérarchisation de la société, la servitude, la thésaurisation et la guerre. 


Mais ce n'est que passager, parce qu'à plus ou moins long terme, aux espaces agricoles succède le désert...


01/09/2015


Future bulle

 

 

Ce n'est pas tant que le monde serait fini, qui serait une limite à la croissance, car fini il n'est pas : parce qu'il se renouvelle chaque jour, se transforme et évolue continuellement, la plupart des ressources nécessaires à la vie sont crées et recrées en permanence par la nature.


Non, le réel problème est qu'il est fermé, que nous y vivons comme dans une bulle, que chaque élément polluant que nous créons contamine durablement l'intérieur de cette bulle, sans qu'il soit possible de s'en débarrasser, hormis de l'envoyer dans l'espace ou dans le magma terrestre.


La limite réelle est l'inéluctable contamination mortelle croissante de notre espace vital.


Aussi, il est raisonnable de prévoir que les espèces qui nous succéderons seront celles qui aujourd'hui sont les mieux adaptées aux pollutions (chimiques, physiques, radioactives), soit principalement les araignées.

De plus c'est une famille où il y a un potentiel de développement de sociabilité et d'intelligence. Nous leurs souhaitons bonne chance. 

 

 


01/09/2015


Tirage de cheveux pour fin de soirée

 

 

Dans quelle mesure sommes nous chacun une légende ? (Une mythologie, un système de croyances)
Quelle histoire nous racontons-nous à nous même ? Que sommes-nous d'autre que cette histoire ? (storytelling, narrative)
Que sommes nous d'autre qu'une "légende" ? (biographie sur mesure apprise par un espion)




Y a t'il un règne supérieur à un autre ? Y a t'il une hiérarchie des mondes ? 
Comme le divin qui serait supérieur à l'humain, qui serait lui supérieur à l'animal, lui même au dessus du végétal, supérieur au minéral, etc etc
Le fait que notre personne soit unique, que nous soyons un individu, 
nous pousse t'il à croire qu'il y a séparation entre nous-même et tous les éléments qui composent la planète "Terre" ?




Dans la mesure où nos sens ne nous permettent d'appréhender qu'une partie de ce qui nous entoure, le cerveau humain pense, rêve, sur une perception réduite de la réalité et une interprétation biaisée du monde, sur une fiction. 

De ce fait, et comme chaque être vivant, édifions-nous, mijotons-nous, la réalité qui nous arrange ?


01/09/2015


L'agriculture ou la pire erreur de l'humanité

 

par Jared Diamond & Clive Dennis

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Traduction d'un article de Jared Diamond, initialement publié (en anglais) en mai 1987, dans la revue Discover Magazine, suivie d'une traduction d'un article de Clive Dennis, initialement publié (en anglais) le 22 septembre 2006 sur le site web de The Ecologist. La civilisation, telle que nous la définissons, correspondant au mode de vie des peuples ayant adopté l'agriculture, celle-ci peut donc remplacer l'agriculture dans le titre de l'article : la civilisation ou la pire erreur de l'histoire de l'humanité.

« L’agriculture est une invention humaine assez récente, et à bien des égards, ce fut l’une des idées les plus stupides de tous les temps. Les chasseurs-cueilleurs pouvaient subsister grâce à des milliers d’aliments sauvages. L’agriculture a changé tout cela, créant une dépendance accablante à quelques dizaines d’aliments domestiqués, nous rendant vulnérable aux famines, aux invasions de sauterelles et aux épidémies de mildiou. L’agriculture a permis l’accumulation de ressources produites en surabondance et, inévitablement, à l’accumulation inéquitable ; ainsi la société fut stratifiée et divisée en classes, et la pauvreté finalement inventée ».

Robert Sapolsky (chercheur en neurobiologie à l’université de Standford), dans son livre « Pourquoi les zèbres n’ont pas d’ulcère? »

 

« Ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes, et perdu le genre humain ».

Jean-Jacques Rousseau (Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes)

 

A la science, nous devons des changements spectaculaires quant à l’image hautaine que nous avons de nous-mêmes. L’astronomie nous a enseigné que notre Terre n’était pas le centre de l’univers mais seulement un corps céleste parmi des milliards. De la biologie nous avons appris que nous n’étions pas spécialement créés par Dieu, mais que nous avions évolué, tout comme des millions d’autres espèces. Et à son tour, l’archéologie démolit une autre croyance sacrée : l’idée selon laquelle l’histoire humaine sur le million d’années passé a été une longue histoire de progrès. De récentes découvertes, tout particulièrement, suggèrent que l’adoption de l’agriculture, supposément notre pas le plus décisif vers une vie meilleure, fut par certains aspects une catastrophe dont nous ne sommes jamais relevés. Avec l’agriculture advinrent les inégalités sociales et sexuelles flagrantes, les maladies et le despotisme qui accablent notre existence.

De prime abord, les éléments allant à l’encontre de cette interprétation révisionniste paraissent irréfutables aux yeux des états-uniens du 20ème siècle. Nous sommes mieux lotis, à presque tous les égards, par rapport aux gens du Moyen Âge, qui menaient une vie plus douce que celle des hommes des cavernes, qui, à leur tour, jouissaient de meilleures conditions que les singes. Il nous suffit juste de compter nos avantages. Nous profitons d’aliments abondants et variés, de meilleurs outils et biens matériels, des vies les plus longues et saines de l’histoire. La plupart d’entre nous sont à l’abri de la faim et des prédateurs. Nous obtenons notre énergie du pétrole et des machines, pas de notre sueur. Quel néo-luddite parmi nous échangerait sa vie pour celle d’un paysan médiéval, d’un homme des cavernes, ou d’un singe ?

Pendant la majeure partie de notre histoire, nous avons vécu en chassant et cueillant : nous chassions les animaux sauvages et collections les plantes sauvages. C’est une vie que les philosophes ont traditionnellement considéré comme désagréable, brutale, et brève. Puisqu’aucune nourriture n’est cultivée, et que bien peu se voit stocké, il n’y a (de ce fait) aucun répit dans la lutte chaque jour renouvelée pour la recherche d’aliments sauvages, afin d’éviter de mourir de faim. Notre évasion de cette misère n’a été permise que 10 000 ans en arrière, quand, dans différentes parties du monde, des gens ont commencé à domestiquer des plantes et des animaux. La révolution agricole s’étale, de manière progressive, jusqu’à aujourd’hui, où elle est quasi-universelle, et où peu de tribus de chasseurs-cueilleurs survivent encore.

Depuis la perspective progressiste dans laquelle j’ai été élevé, se demander « Pourquoi la plupart de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ont-ils adopté l’agriculture? » semble stupide. Ils l’ont bien sûr adoptée parce que l’agriculture est une manière efficace d’obtenir plus de nourriture moyennant moins de travail. Les cultures donnent un rendement à l’hectare plus élevé que les racines et les baies cueillies. Vous n’avez qu’à imaginer une bande de sauvages épuisés par la recherche de noix ou la poursuite d’animaux sauvages, contemplant soudainement pour la première fois un verger croulant sous les fruits ou un pâturage plein de moutons. Combien de millisecondes pensez-vous qu’il leur faudrait pour apprécier les avantages de l’agriculture ?

La doctrine progressiste va même parfois jusqu’à attribuer à l’agriculture le remarquable bourgeonnement de l’art qui prit place sur les quelques milliers d’années passées. Puisque que les récoltes peuvent être stockées et puisque récolter la nourriture d’un jardin prend moins de temps que d’en trouver dans la nature, l’agriculture nous a offert une quantité de temps libre que les chasseurs-cueilleurs n’ont jamais eu. Ainsi donc, c’est l’agriculture qui nous a rendus capables de bâtir le Parthénon et de composer la messe en si mineur.

Bien que le point de vue progressiste semble irrésistible, il est difficile de le prouver. Comment démontrez-vous que la vie des gens qui vivaient il y a environ 10 000 ans s’améliora lorsqu’ils troquèrent la chasse et la cueillette contre l’agriculture ? Jusqu’à récemment, les archéologues ont dû recourir à des tests indirects dont les résultats (de manière surprenante), ont échoué à soutenir les vues progressistes. Voici un exemple de test indirect : les chasseurs-cueilleurs du 20ème siècle vont-ils plus mal que les agriculteurs ? Dispersés à travers le monde, plusieurs douzaines de groupes de ces soi-disant primitifs, comme les Bochimans du Kalahari, continuent à vivre de cette manière-là. Il en ressort que ces peuples ont beaucoup de temps pour les loisirs, dorment pas mal, et travaillent bien moins que leurs voisins agriculteurs. Par exemple, le temps moyen consacré chaque semaine à l’obtention de nourriture est seulement de 12 à 19 heures pour un groupe de bochiman, et de 14 heures ou moins pour les nomades Hazda de Tanzanie. Un bochiman, quand on lui demandait pourquoi il n’a pas imité les tribus voisines en adoptant l’agriculture, répondait : « Pourquoi devrions-nous, quand il y a autant de noix de mongongo dans le monde? »

Tandis que les agriculteurs se sont concentrés sur des cultures riches en glucides comme le riz et les pommes de terre, le mélange de plantes sauvages et d’animaux, de l’alimentation des chasseurs-cueilleurs survivants, fournit plus de protéines et un meilleur équilibre des autres nutriments. D’après une étude, la consommation journalière moyenne de nourriture chez les bochimans (pendant un mois où la nourriture était abondante), était de 2140 calories, et 93 grammes de protéines, ce qui est considérablement mieux que les recommandations journalières prescrites pour les gens de leur taille. Il est presque inconcevable que les Bochimans, qui mangent environ 75 types de plantes sauvages, puissent mourir de faim, de la manière dont les centaines de milliers d’agriculteurs irlandais ainsi que leurs familles l’ont fait durant la Grande Famine des années 1840.

Les vies des derniers chasseurs-cueilleurs, au moins, ne sont donc pas horribles et bestiales, même si de nombreux agriculteurs les ont repoussés dans certains des pires endroits du monde. Mais les sociétés modernes de chasseurs-cueilleurs qui ont côtoyé des sociétés agricoles pendant des milliers d’années ne nous disent rien à propos des conditions d’avant la révolution agricole. Le point de vue progressiste prétend véritablement, à propos du passé lointain : que les vies des peuples primitifs se sont améliorées quand ils sont passés de la cueillette à l’agriculture. Les archéologues peuvent dater ce changement, en distinguant les restes des plantes et animaux sauvages de ceux qui sont domestiqués, sur les sites de fouilles préhistoriques.

Comment quelqu’un peut-il en déduire la santé de ces producteurs d’ordures préhistoriques, et par-là même tester directement le point de vue progressiste ? On ne peut répondre à cette question que depuis quelques années, en partie grâce aux nouvelles techniques émergentes de la paléopathologie, l’étude des traces de maladies dans les vestiges des humains du passé.

Dans quelques situations heureuses, le paléopathologiste a presqu’autant de matériel pour étudier qu’un pathologiste d’aujourd’hui. Par exemple, les archéologues des déserts Chiliens ont trouvé des momies bien préservées, dont les conditions médicales au moment de la mort ont pu être déterminées par autopsie (Discover, Octobre 1987). Les fèces de ces indiens morts depuis longtemps, qui vivaient dans des cavernes sèches dans le Nevada, demeurent suffisamment bien préservées pour que l’on y recherche des ankylostomes et d’autres parasites.

Habituellement, les seuls restes humains disponibles pour les études sont des squelettes, mais ils permettent un nombre surprenant de déductions. Pour commencer, un squelette révèle le sexe de son propriétaire, son poids, et son âge approximatif. Dans l’éventualité où il y aurait plusieurs squelettes, on peut construire des tables de mortalité comme celles que les compagnies d’assurance utilisent pour calculer l’espérance de vie et le risque de mortalité à tout âge. Les paléopathologistes peuvent aussi calculer les taux de croissance en mesurant les os des gens d’âges différents, examiner les dents pour évaluer la présence d’anomalies de l’émail (signes de malnutrition enfantine) et reconnaître les cicatrices laissées sur les os par les anémies, la tuberculose, la lèpre, et d’autres maladies.

Un exemple assez juste de ce que les paléopathologistes ont appris des squelettes concerne les changements historiques en taille. Les squelettes de Grèce et de Turquie montrent que la taille moyenne des chasseurs-cueilleurs vers la fin de l’âge glaciaire atteignait 1,75 mètres pour les hommes et 1,65 pour les femmes. Avec l’adoption de l’agriculture, la taille s’est effondrée, et en 3000 av. JC, elle atteignait à peine 1,60 mètres pour les hommes et 1,54 pour les femmes. Pendant l’Antiquité, la taille ré-augmente très lentement, à nouveau, mais les grecs et turcs de notre temps n’ont toujours pas regagné la taille moyenne de leurs lointains ancêtres.

Un autre exemple de la paléopathologie en action est l’étude des squelettes des tumulus des vallées de rivière  de l’Illinois et de l’Ohio. Dans les Dickson Mounds, situés près de la rencontre entre les rivières de Spoon et de l’Illinois, les archéologues ont déterré quelques 800 squelettes, qui nous offrent un tableau des changements au niveau de la santé qui subvinrent lorsqu’une culture de chasseurs-cueilleurs laissa la place à des cultures intensives de maïs, aux environs de 1150 après JC. Des études, menées par George Armelagos et ses collaborateurs de l’Université du Massachusetts, montrent que ces premiers paysans ont payé un lourd tribut pour ce nouveau moyen de subsistance. Comparés aux chasseurs-cueilleurs qui les précédaient, les agriculteurs présentaient près de 50 % d’augmentation au niveau des anomalies de l’émail – indicateur de malnutrition – une augmentation de 400 % des carences en fer (anémies ferriprives, prouvées par une maladie des os nommée hyperostose porotique), un triplement des lésions osseuses, qui indique des maladies infectieuses en général, et une augmentation des maladies dégénératives de la colonne vertébrale, reflétant probablement une quantité massive de labeur physique. « L’espérance de vie à la naissance dans la société préagricole était d’environ 36 ans », explique Armelagos, « mais dans la société postagricole, elle était de 19 ans. Ces épisodes de stress nutritionnels et de maladies infectieuses affectaient gravement leur capacité à survivre ».

Ces éléments suggèrent que les indiens des Dickson Mounds, à l’instar de beaucoup d’autres peuples primitifs, se sont mis à cultiver, non par choix, mais par nécessité, afin de nourrir leur population en constante augmentation. « Je ne pense pas que la plupart des chasseurs-cueilleurs cultivaient avant d’y être obligés, et lorsqu’ils ont fait la transition vers l’agriculture ils ont échangé la qualité pour la quantité », affirme Mark Cohen de l’Université d’Etat de New-York à Plattsburgh, co-éditeur, avec Armelagos, d’un des livres séminaux de ce domaine, La paléopathologie aux origines de l’agriculture. « Quand j’ai commencé à exposer cet argument, il y a 10 ans, peu de gens étaient d’accord avec moi. C’est désormais un point de vue respectable, bien que controversé ».

Il y a au moins trois ensembles de raisons pour expliquer les découvertes concernant l’impact négatif de l’agriculture sur la santé. Premièrement, les chasseurs-cueilleurs jouissaient d’une alimentation variée, tandis que les premiers agriculteurs obtenaient la majeure partie de leur nourriture à partir d’une ou deux plantes amidonnées. Les agriculteurs ont gagné des calories à moindre coût, au prix d’une pauvre nutrition (à l’heure actuelle, seules trois plantes riches en glucides – le blé, le riz et le maïs – fournissent l’essentiel des calories consommées par l’espèce humaine, et chacune d’elle est déficiente en certaines vitamines ou acides aminés essentiels pour la vie). Ensuite, à cause de la dépendance à un nombre limité de plantes, les agriculteurs risquaient la famine si une culture échouait. Et enfin, le simple fait que l’agriculture ait encouragé les gens à s’agglutiner dans des sociétés surpeuplées, dont nombre d’entre elles continuèrent à commercer avec d’autres sociétés surpeuplées, d’où la propagation de parasites et de maladies infectieuses. (Quelques archéologues pensent que c’est le surpeuplement plutôt que l’agriculture qui encourage les maladies, mais il s’agit là d’un débat du type poule ou œuf, parce que le surpeuplement encourage l’agriculture et vice-versa). Les épidémies ne pouvaient se propager tant que les populations étaient éparpillées dans des petits groupes se déplaçant en permanence. La tuberculose et les maladies diarrhéiques ont dû attendre l’arrivée de l’agriculture, la rougeole, et la peste bubonique elles, ont dû attendre l’apparition des grandes villes.

En plus de la malnutrition, de la famine, et des maladies épidémiques, l’agriculture a apporté une autre malédiction à l’humanité : une stratification sociale massive. Les chasseurs-cueilleurs n’ont pas (ou peu) de nourriture stockée, et pas non plus de source alimentaire concentrée, comme un verger ou un troupeau de vaches : ils vivent de plantes sauvages et d’animaux qu’ils obtiennent chaque jour. Ainsi, il ne peut y avoir de roi, ni de classe de parasites sociaux qui s’engraissent grâce à la nourriture qu’ils prennent aux autres. Il n’y a qu’au sein d’une population d’agriculteurs qu’une élite improductive et en bonne santé puisse régner sur des masses accablées de maladies. Des squelettes des tombes grecques de Mycène, datant de 1500 av. JC, suggèrent que les nobles bénéficiaient d’une meilleure alimentation que les roturiers, étant donné que les squelettes royaux étaient de 5 à 7 centimètres plus grands et avaient de meilleures dents (en moyenne, une au lieu de six cavités ou dents manquantes) que les autres. Parmi les momies chiliennes en 1000 après JC, l’élite se distinguait non seulement par des ornements et des pinces à cheveux en or, mais aussi par un taux quatre fois plus faible de lésions osseuses liées aux maladies.

Des contrastes similaires, dans le domaine de la nutrition et de la santé, persistent à une échelle mondiale aujourd’hui. Pour les gens des pays riches, comme les États-Unis, vanter les vertus de la chasse et de la cueillette doit paraitre ridicule. Mais les états-uniens sont une élite, dépendante du pétrole et des minéraux qui doivent souvent être importés de pays où la santé des gens est moins bonne, et la nutrition plus pauvre. Si l’on pouvait choisir entre être un paysan en Ethiopie, ou un cueilleur bochiman dans le Kalahari, quel choix, selon vous, serait le plus judicieux ?

L’agriculture a peut-être également encouragé les inégalités entre les sexes. Libérées du besoin de transporter leurs bébés durant une existence nomade, et sous pression en raison du besoin en bras pour labourer les champs, les femmes agricultrices ont eu tendance à tomber plus souvent enceinte que leurs congénères chasseuses-cueilleuses – avec des coûts significatifs sur leur santé. Parmi les momies chiliennes, par exemple, plus de femmes que d’hommes avaient des lésions osseuses, liées aux maladies infectieuses.

Les femmes dans les sociétés agricoles étaient parfois réduites à des bêtes de somme. En Nouvelle-Guinée, dans les sociétés agricoles contemporaines, je vois souvent des femmes chancelant sous le poids excessifs des plantes et du bois de chauffage, tandis que les hommes se promènent les mains vides. Une fois, lors d’une visite de terrain à étudier des oiseaux là-bas, j’ai proposé à quelques villageois de les payer pour porter des marchandises de la piste d’atterrissage vers mon camp de montagne. La chose la plus lourde était un sac de riz de 50 kg, que j’ai attaché à un bâton, et qu’une équipe de 4 hommes a porté ensemble à ma demande. Lorsque j’ai finalement rattrapé les villageois, les hommes portaient des choses légères, tandis qu’une petite femme pesant moins que le sac de riz était courbée sous son poids, et le portait à l’aide d’une corde qui passait sur ses tempes.

Quant à l’affirmation selon laquelle l’agriculture a encouragé la floraison de l’art en nous fournissant du temps de loisirs, les chasseurs-cueilleurs ont au moins autant de temps libre que les agriculteurs. L’insistance sur le temps de loisir comme un facteur crucial semble être erronée. Les gorilles ont eu largement assez de temps libre pour construire leur propre Parthénon, s’ils l’avaient voulu. Bien que les avancées technologiques post-agricoles ont effectivement rendu possibles de nouvelles formes d’art et facilité sa préservation, d’importantes peintures et sculptures étaient déjà produites par des chasseurs-cueilleurs depuis 15 000 ans, et l’étaient encore ne serait-ce qu’au siècle dernier, par des chasseurs-cueilleurs tels que des Esquimaux et des Indiens du Nord-Ouest du Pacifique.

Ainsi, avec l’avènement de l’agriculture, une élite se trouva mieux lotie, tandis que la plupart des gens virent leur condition se dégrader. Au lieu d’avaler la doctrine progressiste selon laquelle nous avons choisi l’agriculture parce que c’était bon pour nous, nous devons nous demander comment elle nous a piégés malgré ses écueils.

Une réponse possible se ramène à l’adage selon lequel « La force fait le droit ». L’agriculture pouvait soutenir une population bien plus importante que la chasse, en dépit d’une qualité de vie plus pauvre. (Les densités de population des chasseurs-cueilleurs dépassent rarement une personne par 10 kilomètres carré, tandis que les agriculteurs présentent une densité de population moyenne 100 fois supérieure). En partie parce qu’un champ entièrement recouvert d’une espèce de plante comestible nourrit bien plus de bouches qu’une forêt où les plantes comestibles sont dispersées. En partie, aussi, parce que les chasseurs-cueilleurs nomades doivent garder les naissances d’enfants espacées d’intervalles de 4 ans, à l’aide d’infanticide ou d’autres moyens, puisqu’une mère doit porter son bébé jusqu’à ce qu’il soit assez âgé pour tenir la cadence des adultes. Parce que les femmes agricultrices n’ont pas ce fardeau, elles peuvent, et ne s’en privent pas, porter un enfant tous les deux ans.

Tandis que les densités de population des chasseurs-cueilleurs s’élevèrent doucement à la fin des périodes glaciaires, des groupes durent choisir entre nourrir plus de bouches en s’orientant vers l’agriculture, et trouver des moyens pour limiter cette croissance. Quelques groupes choisirent la première solution, incapables d’anticiper les mauvais côtés de l’agriculture et séduits par l’abondance éphémère dont ils bénéficièrent jusqu’à ce que la croissance de la population rattrape l’augmentation de la production de nourriture. Ces groupes-là se reproduisirent en grand nombre, puis s’en vinrent décimer les groupes qui avaient choisi de rester chasseurs-cueilleurs, parce qu’une centaine d’agriculteurs mal nourris peuvent quand même combattre un seul chasseur-cueilleur isolé. Les chasseurs-cueilleurs n’ont pas vraiment abandonné leur mode de vie, mais ceux qui s’étaient montrés assez raisonnables pour le conserver ont été expulsés, sauf des régions dont les agriculteurs ne voulaient pas.

A ce stade, il est utile de rappeler l’accusation banal qui prétend que l’archéologie est un luxe, préoccupé par le passé lointain et n’offrant aucune leçon pour le présent. Les archéologues étudiant l’avènement de l’agriculture ont reconstitué une période cruciale, celle où nous avons commis la pire erreur de l’histoire humaine. Sommés de choisir entre limiter la population ou essayer d’augmenter la production de nourriture, nous avons choisi cette dernière solution et ainsi subit la famine, la guerre, et la tyrannie.

Les chasseurs-cueilleurs pratiquaient le mode de vie le plus abouti et le plus durable de l’histoire humaine. En revanche, nous luttons toujours avec la pagaille dans laquelle l’agriculture nous a précipités, et il n’est pas certain que nous puissions nous en sortir. Supposons qu’un archéologue extra-terrestre vienne nous rendre visite et essaie d’expliquer l’histoire humaine à ses compatriotes de l’espace. Il illustrerait peut-être les résultats de ses trouvailles à l’aide d’une horloge de 24h sur laquelle une heure représente 100 000 ans du temps réel passé. Si l’histoire de l’espèce humaine commençait à minuit, nous serions maintenant presque à la fin de notre premier jour. Nous avons vécu en tant que chasseurs-cueilleurs pendant la quasi-totalité de ce jour, de minuit à l’aube, au midi, jusqu’au coucher du soleil. Finalement, à 23h54, nous avons adopté l’agriculture. Tandis que notre second jour approche, le sort des paysans frappés par la famine finira-t-il par tous nous engloutir ? Allons-nous finalement obtenir, de quelque façon que ce soit, les bienfaits attrayants que l’on imagine derrière la façade étincelante de l’agriculture, et qui nous ont échappés jusque-là ?

Jared Diamond

Que ce soit par désespoir ou en philosophant, nous, humains, nous retrouvons souvent à retracer notre histoire jusqu’au point de notre passé où le ver est entré dans le fruit, où tout a commencé, où une innovation nous a envoyé valdinguer dans le bruit et la confusion du présent. Les téléphones portables, la télévision, l’ingénierie génétique et les supermarchés se voient tous critiqués, mais ceux qui ont réellement des problèmes avec ce monde – ceux qui comprennent véritablement l’échec – se réfèrent à la plus vaste échelle de l’histoire de l’humanité.

Certains pointeront du doigt la bombe nucléaire ou la révolution industrielle. D’autres le capitalisme, ou l’argent, ou la poudre à canon. D’autres encore prétendront que ce ne sont pas les inventions qui génèrent les problèmes, mais les gens qui les utilisent ; que la technologie est neutre et qu’il nous appartient de nous assurer qu’elle soit utilisée pour le bien. D’autres rétorquent que les inventions peuvent être bonnes ou mauvaises – que certaines sont élaborées par de bonnes intentions tandis que d’autres non.

Mais ce ne sont pas les conséquences escomptées qui comptent – ce sont les conséquences réelles.

Nobel était persuadé que son invention rendrait la guerre trop violente et trop horrible pour être envisagée. Sans surprise, la dynamite fut finalement utilisée pour tuer bien plus de gens, bien plus rapidement. Nos tentatives de législation visant à prendre le contrôle des armes nucléaires, ou nos innovations visant à mieux contrôler le pouvoir qu’il soit militaire, explosif, politique ou autre, ont toujours échouées, puisqu’aucune société ne peut jamais dire non à un avantage de puissance. Cependant, mêmes les technologies les plus désastreuses présentent généralement quelque bénéfice ; l’holocauste nucléaire et l’entente nucléaire, les réserves d’anthrax et les vaccins contre la variole.

La difficulté consiste à décider si la balance des coûts et bénéfices penche ou non en notre faveur. Cela s’équilibre-t-il toujours ? Y a-t-il une invention, quelque part dans notre histoire, tellement cataclysmique que nous pourrions la qualifier de pire invention de l’histoire de l’humanité ?

Il y en a une. Généralement considérée comme la meilleure et la plus importante des innovations de l’humanité, l’agriculture est l’invention à l’origine du fossé qui nous sépare aujourd’hui de la nature. Cependant, en changeant radicalement la façon dont nous obtenons notre nourriture, le développement de l’agriculture nous a condamnés à des conditions de vie pires que celles dont nous jouissions avant : déclin de notre temps de loisir ; nourriture de moins bonne qualité ; moins bonne santé, et perte de notre autonomie. Non seulement cela, mais l’agriculture a aussi engendré les premières occurrences significatives de guerre à grande échelle, les inégalités, l’impérialisme, la hiérarchie, la pauvreté, le crime, la famine, le changement climatique d’origine humaine ainsi que l’extinction de masse.

Lorsque les choses ont dégénéré

Dans les années 1960 et 1970, des anthropologues comme Richard Lee et Yehudi Cohen ont remarqué la forte corrélation entre la façon dont les sociétés produisent leur nourriture et la façon dont elles sont structurées socio-politiquement. Des années de recherches anthropologiques cumulées ont montré que ceux qui vivent de la chasse et de la cueillette ont nettement tendance à établir des sociétés égalitaires et basées sur le consensus.

Les chasseurs-cueilleurs dépendent les uns des autres pour leur nourriture, la coopération et le mutualisme sont donc institutionnalisés par nécessité. Un seul chasseur peut n’avoir qu’une chance sur quatre de réussir à attraper sa proie, mais quatre chasseurs qui acceptent de partager ce qu’ils capturent bénéficieront d’un approvisionnement alimentaire bien plus fiable. En se déplaçant à travers le territoire, des régions où la nourriture est rare vers celles où la terre est plus riche, les chasseurs-cueilleurs permettent à la nature d’œuvrer pour eux, et récoltent ensuite ce qui peut l’être. Ce mode de production fait que les Kung et les Hadza, qui habitent les régions les plus marginales de l’Afrique du Sud, consacrent seulement de trois à cinq heures par jour à leur quête de nourriture.

Même dans un environnement aussi désertique et hostile, la conception hobbesienne de la vie de l’humanité pré-civilisée comme pénible et brutale pourrait difficilement être plus éloignée de la vérité. Les chasseurs-cueilleurs vivaient des vies saines et riches, et ont à raison été décrit comme « la société d’abondance originelle ». Malheureusement, le mythe de la « guerre de tous contre tous » et du sauvage condamné à une vie de lutte contre une nature sanguinaire est toujours profondément ancré dans la psyché du civilisé.

Lorsqu’une société nomade s’enracine quelque part naissent les premières possibilités de coercition. Un groupe de nomades, incapable de se mettre d’accord sur un sujet important, peut toujours se séparer en deux groupes ou plus, qui peuvent suivre chacun leur chemin et implémenter la décision qu’ils pensent être la meilleure. Les agriculteurs, cependant, sont coincés là où ils sont, et la meilleure forme de démocratie qu’une communauté fixe puisse produire reste la tyrannie de la majorité.

Trop

Une fois qu’une population installée de manière fixe produit du surplus, les choses empirent encore; certains individus cessent de s’occuper de la nourriture et se spécialisent dans d’autres métiers. Cette spécialisation permet la naissance d’importantes inégalités matérielles – certains talents sont plus valorisés que d’autres, et engrangent alors plus de richesses. Parmi les nomades, la propriété devient un fardeau lorsqu’elle s’accumule. Une société d’égaux, qui ne se soucie que très peu de la richesse matérielle qu’elle possède, n’est pas une terre fertile pour le crime lié à la propriété. Les inégalités matérielles des sociétés agraires, cependant, engendre des crimes, et tandis que certains se spécialisent dans le travail des métaux, dans la poterie ou les relations publiques, d’autres se spécialisent dans la violence, sous l’égide de la prévention du crime. Ces spécialistes de la violence passent véritablement leur temps à préserver les inégalités de richesse qui apparaissent, et à assurer a sécurité d’un autre groupe de spécialistes – l’élite naissante.

Des fouilles archéologiques sur des sites du néolithique exposent précisément l’architecture des premières hiérarchies ; les plus grandes maisons sont toujours implantées près des bâtiments utilisés pour entreposer le grain. Lorsque l’élite parvient à contrôler le surplus à travers un monopole sur la violence, par exemple, en payant et en armant les meilleurs combattants d’une communauté, la transition est complète et une minorité détient alors le pouvoir. Par conséquent, lorsqu’une élite peut, en toute impunité, faire l’usage de la violence au sein des limites géographiques d’une société donnée, la tyrannie commence. Lorsque la même chose se produit en dehors de ces limites, la guerre et l’impérialisme s’ensuivent, puisqu’un surplus alimentaire permet également le déploiement d’une armée, qui peut ensuite être utilisée pour s’emparer des terres et des ressources des populations environnantes. Sans surplus alimentaire, des campagnes militaires intensives ne seraient simplement pas possibles.

Un surplus alimentaire mène également à une augmentation des densités de population. Ceci augmente les incidences de maladie. Tandis qu’au sein d’une population peu nombreuse une maladie peut s’éteindre une fois qu’elle en aura fait le tour, au sein d’une population importante, le nombre d’individus permet à la maladie de muter, en engendrant de nouvelles, qui peuvent ensuite réinfecter encore et encore la population. Ce dont attestent le rhume ordinaire, la rougeole, la varicelle et la grippe – ces maladies n’existent simplement pas au sein de populations non-agricoles. Pire encore, les agriculteurs vivent au contact direct de leurs animaux, qui constituent une source intarissable de nouveaux pathogènes.

Le régime alimentaire relativement limité et peu varié de l’agriculteur engendre d’autres problèmes, puisque le système immunitaire alimenté par un régime alimentaire agricole non diversifié ne fonctionne pas aussi bien que le système immunitaire alimenté par le régime alimentaire d’un chasseur-cueilleur, qui se nourrit d’une variété bien plus grande d’aliments. Un mode de vie aussi insalubre diminue inéluctablement l’espérance de vie de l’agriculteur, et ce n’est qu’au cours des 100 dernières années que la médecine a augmenté l’espérance de vie des agriculteurs au point de dépasser celle des chasseurs-cueilleurs.

Lorsque l’anthropologue Richard Lee s’est rendu auprès des Bushmen du Kalahari dans les années 1960, il a découvert que 10% d’entre eux avaient plus de 60 ans. Ce qui se compare plutôt bien avec les 20% que nous retrouvons actuellement en Grande-Bretagne, par exemple, particulièrement en raison de l’hostilité de l’environnement où vivent les Bushmen. Malheureusement, les Bushmen d’aujourd’hui ne jouissent plus du mode de vie de leurs parents dans les années 1960, puisque le gouvernement du Botswana cherche absolument à les moderniser en leur prenant leurs terres et en leur donnant des couvertures, des maladies, et de l’alcool et du désespoir en échange – une procédure souvent utilisée contre les populations dévastées des chasseurs-cueilleurs du monde.

Au-delà des humains

Les répercussions de l’adoption de l’agriculture s’étendent bien au-delà du cadre des sociétés humaines la pratiquant – les chasseurs-cueilleurs ne sont pas les seuls à souffrir des impacts des agriculteurs voraces, l’environnement les subit aussi. Plus la surface de production consacrée à l’agriculture s’étend, plus l’habitat riche et diversifié des chasseurs-cueilleurs est atrophié, jusqu’à ce que les frontières des terres cultivées, en expansion perpétuelle, se heurtent à des zones impropres à l’agriculture, comme les déserts, la toundra et les glaces.

Lorsque 10 milliards d’hectares de nature sauvage sont remplacés par 10 milliards d’hectare de blé, de soja ou de terre d’élevage, les conséquences sont prévisibles. Ils deviennent 10 milliards d’hectares qui ne produisent plus de nourriture pour les bisons, les ours ou les bouquetins. Voilà la cause ultime de l’extinction de masse que nous connaissons actuellement. L’agriculture transforme un territoire qui nourrissait auparavant des milliers d’espèces en une terre ne nourrissant plus qu’une seule espèce. Elle affame littéralement les autres espèces et précipite leur extinction.

Les estimations effectuées par l’écologue Paul Ehrlich suggèrent que l’humanité ne notre temps accapare environ 40% de la productivité terrestre primaire nette de la planète pour son propre usage. Aggravant encore cette affaire, les recherches du professeur Bill Ruddiman suggèrent que le brûlage préhistorique des forêts visant à créer des terres propres à l’agriculture émirent suffisamment de gaz à effet de serre pour impacter le climat mondial, maintenant ainsi artificiellement la température de la planète à un niveau permettant la continuation de l’agriculture.

Employé de bureau VS chasseur-cueilleur

Cependant, si nous pouvions ignorer les quelques paragraphes précédents, et ne penser qu’en fonction du plaisir que nous arrivons personnellement à tirer de nos vies modernes, il est clair que les choses se sont améliorés pour nos types d’agriculture depuis les maladroits et déplaisants débuts de l’agriculture. Nous nous sommes spécialisés au point de ne plus être obligé de choisir entre agriculteurs ou soldats – nos possibilités s’étendent aujourd’hui jusqu’à ingénieur informatique, employé de bureau et nettoyeur de WC. Il y a tout un nouveau monde d’expérience dehors. Mais l’apprécions-nous vraiment ?

Nous allons manifestement mieux que nos premiers ancêtres ayant adopté l’agriculture. Cependant, l’histoire remonte bien plus loin que le moment où la première charrue transperça la terre. Nous devrions plutôt comparer le quotidien de l’employé de bureau à celui du chasseur-cueilleur.

Un employé de bureau passe au moins 8 heures par jour à exercer un travail invariablement ennuyeux et uniquement allégé par le contact humain qu’il apporte [encore, NdT]. Parce qu’il souhaite utiliser au mieux le temps qu’il lui reste après sa migration pendulaire et ses courses quotidiennes, l’employé de bureau achète des plats cuisinés, paie un employé pour le ménage et s’effondre devant la télévision. Un mode de vie aussi extrêmement sédentaire, loin d’être appréciable, endommage la santé, et doit être compensé par de la médication et de l’exercice. Le stress et la dépression sont les conséquences inéluctables de la vie gâchée au bureau et de l’argent perdu dans la tentative effrénée de paraître mieux que les autres. Si notre employé de bureau se découvrait mécontent de la vie que la société lui a concoctée, et s’il en venait à vouloir modifier son sort, il découvrirait également son impuissance, étant donné que sa participation à la vie politique est réduite à celle d’un observateur, jouissant d’un inutile droit de voter tous les 4 ou 5 ans, comme des millions d’autres. Tandis que les chasseurs-cueilleurs travaillent entre 3 et 5 heures par jour, souvent entre amis, et peuvent passer le reste de leur journée à manger ; à rendre visite à d’autres amis ; à faire de la musique ; à danser ; à philosopher ; à jouer avec les enfants ; à se relaxer et à dormir. Voilà la vie que nous avons perdue.

Regarder le passé avec colère

L’agriculture nous a privé de notre héritage de chasseur-cueilleur, et a rendu impossible la vie en société égalitaire et basée sur le consensus, dont jouissaient nos ancêtres. Au lieu de cela, elle nous impose un nouvel éventail de structures sociales ; des structures d’aliénation et de dominance qui soutiennent, et sont soutenues, par la continuation et l’expansion de l’agriculture. Nos visions utopiques du futur, libéré des problèmes du présent grâce à l’ingéniosité humaine et à la compétence technique, semblent possibles sur le papier, mais le sont peu en réalité. Nous avons déjà commis la pire des erreurs, et avons passé 10 000 ans à perfectionner cette invention désastreuse, nous rendant ainsi de plus en plus dépendants d’elle. Cependant, les archéologues qui nous font entrevoir nos ancêtres et les anthropologues qui nous présentent nos cousins ont pu nous montrer pourquoi nous rêvons ainsi. Nous n’aspirons pas seulement au futur que nous imaginons, mais à la réalité de notre passé.

Clive Dennis


Traduction: Nicolas Casaux

 

02/09/2016